Durant de longues années, le conseiller fédéral Pascal Couchepin a freiné, sans dévier d’un iota de ses principes. Puis, c’est Didier Burkhalter qui a pris sa place et le vent s’est mit à souffler. Le nouveau conseiller fédéral décida de mettre au point une loi sur la formation continue. Toutes celles et tous ceux qui s’étaient engagés depuis longtemps pour un encouragement de la formation continue axé sur les besoins ont-ils alors poussé prématurément un soupir de soulagement ? À lire attentivement la description du mandat confié par le Conseil fédéral à la commission d’expert(e)s et à considérer la composition de cette dernière, il y a en effet lieu de douter de la bonne volonté du gouvernement. La nouvelle loi sur la formation continue ne devra prévoir aucun élément d’encouragement et les partenaires sociaux, comme nombre d’autres acteurs, ne seront que consultés.
En d’autres termes, le Conseil fédéral ne veut pas améliorer l’offre de formation continue pour les personnes socialement défavorisées. Celles et ceux qui en veulent doivent concentrer leur énergie sur la voie parlementaire. En matière de formation, le Parlement a en effet refusé plusieurs fois de suivre le Conseil fédéral, estimant que les besoins des apprenant(e)s et des enseignant(e)s étaient plus élevés que ce que pensait le gouvernement. Ce fut par exemple le cas, en son temps, avec le message sur l’encouragement de la formation de la recherche et de l’innovation, lorsque les dernières propositions du Conseil fédéral, misérables, durent être corrigées par les Chambres.
L’Union syndicale suisse (USS) exige que la loi sur la formation professionnelle ait un profil clair. Elle demande le droit à un bilan tous les cinq ans, cinq jours de congés payés de formation continue par an, de nouvelles offres à l’intention des analphabètes et une offensive linguistique pour les migrant(e)s.
Au Parlement de jouer ! Que la nouvelle loi doive mettre au premier plan la formation continue des personnes défavorisées n’est pas une revendication qui va trouver d’elle-même une majorité. Actuellement, on n’est même pas certain que les institutions qui proposent des cours à l’intention des personnes particulièrement défavorisées sous l’angle de la formation continueront à bénéficier du soutien garanti par l’article sur l’encouragement de la culture. Les acteurs de la formation continue doivent pouvoir s’imposer à ce chapitre.