Dès fin avril commence l’examen préalable dans les commissions compétentes du prochain Message FRI 2025-2028, qui définit les priorités et le cadre financier dans les domaines de la formation, de la recherche et de l’innovation. Pour l’Union syndicale suisse (USS), c’est le moment de se positionner clairement encore une fois contre les propositions d’économies de la Confédération.
Pour une priorisation du domaine FRI
Selon le Message FRI 2025-2028, le Conseil fédéral veut maintenir l’objectif « La Suisse reste leader dans la formation, la recherche et l’innovation ». En ce sens, la Suisse doit mieux exploiter son potentiel de main-d’œuvre et investir nettement plus dans la formation et la formation continue. Cela nécessite une offensive en matière de formation, y compris une priorisation politique des investissements liés.
Par le passé, les investissements dans le domaine FRI ont toujours été adaptés par la Confédération à la croissance attendue du nombre de personnes en formation et d’étudiant-e-s. Le Message FRI 2025-2028 marque une nette rupture. Il menace de détériorer les conditions d’encadrement, d’accroître la dépendance vis-à-vis des fonds de tiers, d’engendrer une perte de qualité de la formation, de restreindre les admissions et le nombre de places de formation, de réduire les prestations et d’augmenter les taxes d’études.
Cadre financier insuffisant
Selon le projet mis en consultation début juin 2023, le Conseil fédéral proposait pour le domaine FRI une enveloppe financière de 29,7 milliards de francs, ainsi qu’une augmentation des moyens nominaux de 2 %. Dans sa réponse à la consultation, l’Union syndicale suisse (USS) avait exigé un taux de croissance moyen réel d’au moins 2,5 %, ainsi que l’abandon du plafonnement. Le renchérissement prévu doit être compensé et les dépenses doivent adaptées à l’augmentation du nombre d’étudiant-e-s. Mais le Conseil fédéral veut désormais plafonner la croissance nominale des moyens non corrigée du renchérissement à seulement 1,6 %, et a encore réduit le projet d’un demi-milliard de francs à 29,2 milliards dans le cadre du plan financier de la législature, sans pour autant adapter les objectifs et les priorités d’encouragement. Compte tenu du renchérissement et de l’augmentation attendue du nombre de personnes en formation et d’étudiant-e-s, le Message FRI 2025-2028 proposé par le Conseil fédéral est de facto un projet d’économie, équivalant à un démantèlement de la formation et de la recherche.
Non à la cannibalisation des différents domaines de la formation
Les différents domaines de la formation (formation professionnelle, formation supérieure, formation continue) ne doivent pas être mis en concurrence. Malgré toute l’excellence prônée, la Suisse n’atteint pas son objectif de 95 % de jeunes de 25 ans titulaires d’un diplôme du sec. II ; et environ 300’000 actifs de 25 à 50 ans ne disposent d’aucun diplôme professionnel. À raison, la formation continue a été donc été définie comme priorité d’encouragement dans le Message FRI 2025-2028. C’est juste et important pour relever les défis urgents de la société. D’autant plus qu’au vu de l’évolution démographique, la Suisse doit mieux exploiter son potentiel de main-d’œuvre indigène en améliorant l’intégration des migrant-e-s, des femmes et des travailleuses et travailleurs seniors sur le marché du travail.
Contre les économies faciles dans la formation
À cause d’une interprétation stricte du frein à l’endettement, le Conseil fédéral veut maintenant faire des économies, malgré le faible niveau d’endettement de la Suisse en comparaison internationale. Car il ne prend en compte que le côté des dépenses. L’équilibre du budget fédéral pourrait également être atteint par des recettes supplémentaires, mais cela n’est guère discuté. À la place, des coupes transversales linéaires de 1,4 % sur toutes les dépenses faiblement liées s’imposent, qui touchent le Domaine FRI de manière disproportionnée. La politique fédérale considère la plupart des postes de dépenses du Domaine FRI comme des « dépenses faiblement liées ». Elles doivent être utilisées pour des corrections budgétaires à court terme pour assainir le budget. En bref, malgré toutes les assurances du contraire, c’est dans la formation qu’il faut désormais économiser.
Le parlement doit corriger le tir
Si le Conseil fédéral ne veut pas voir de marge de manœuvre pour des raisons de politique financière, le parlement doit maintenant agir. Une entreprise politiquement difficile, à une époque où l’argent est vite dépensé pour le sauvetage de banques ou l’armée. L’USS et ses fédérations membres s’engageront de toutes leurs forces pour que la Suisse fasse suivre la proclamation de son leadership en matière de formation, de recherche et d’innovation par des actes.