L’Union syndicale suisse (USS) est très inquiète et choquée par les propositions que le groupe d’experts Réexamen 2024 des tâches et des subventions vient de publier (rapport Gaillard). Elle dénonce notamment les coupes brutales prévues dans le secteur de la formation et de la jeunesse, qui mettent en péril l’égalité des chances et la capacité de notre pays d’affronter l’avenir.
La formation professionnelle et continue est en danger
Le rapport propose des coupes massives, par exemple dans les contributions forfaitaires allouées aux cantons pour la formation professionnelle ainsi que dans les contributions liées à des innovations et des projets pour la formation professionnelle et la formation continue. En proposant de supprimer la loi fédérale sur la loi continue, le groupe d’experts lance un signal clair contre l’apprentissage à vie. Or c’est une erreur fatale au vu des exigences croissantes du marché du travail, avec les obligations de formation continue qui s’ensuivent. Au lieu de renforcer les possibilités de formation continue, il est prévu de les réduire encore – une évolution que l’USS condamne fermement.
Attaques contre la formation professionnelle et l’intégration des jeunes réfugié-e-s
La réorientation de la politique d’intégration des requérant-e-s d’asile (jeunes et jeunes adultes) sur la formation professionnelle s’avère d’autant plus risquée qu’il est prévu de limiter à quatre ans l’obligation d’indemnisation financière de la Confédération, indépendamment de la réussite de l’intégration. Une telle mesure d’économies vise en premier lieu à mettre les cantons sous pression, mais fait au final des jeunes et des jeunes adultes les otages du bras de fer entre la Confédération et les cantons à propos des obligations de financement, mettant ainsi en péril l’intégration sur le marché du travail. En plus d’être injuste socialement, cette mesure est contreproductive, aujourd’hui où le besoin de main-d’œuvre bien formée tant suisse que d’origine étrangère se fait cruellement sentir.
Taxes prohibitives pour les étudiant-e-s et les jeunes
Le rapport propose notamment d’augmenter massivement les taxes d’études en vigueur dans les hautes écoles suisses (en parlant de manière alambiquée de « renforcement du financement par les utilisateurs »). Les taxes doubleraient pour les étudiant-e-s indigènes, voire quadrupleraient pour les étudiant-e-s étrangers. De telles mesures sont inacceptables car elles entravent l’accès aux études et aboutiraient à un système de formation à deux vitesses. La formation ne saurait être un bien de luxe – il s’agit d’un droit fondamental et elle doit rester accessible à tout le monde, indépendamment de sa situation financière. En outre, le rapport prévoit de réduire de 10 % le forfait fédéral alloué dans le domaine de la mobilité internationale, ce qui nuirait gravement aux chances des jeunes sur un marché du travail de plus en plus internationalisé.
Affaiblissement du pôle de recherche suisse
En outre, la suppression préconisée des contributions liées à des projets des hautes écoles cantonales signerait l’arrêt de mort d’importants projets portant sur l’égalité des chances (égalité, diversité et inclusion) ou sur l’encouragement de la relève scientifique. Or de telles activités sont nécessaires pour renforcer le pôle de recherche suisse, en cette période de crise et d’incertitudes.
L’USS refuse catégoriquement les propositions du « rapport Gaillard ». Les coupes prévues dans le secteur de la formation et de la jeunesse hypothèquent les chances d’avenir de la jeune génération et affaiblissent le pôle suisse de la formation et de la recherche. L’USS appelle donc le Conseil fédéral et le Parlement à renoncer à ces mesures d’épargne antisociales et dommageables pour l’avenir, et à investir plutôt dans une politique de formation forte, équitable et tournée vers l’avenir.