Une démission : il n’y a pas d’autre mot pour décrire la teneur du message que le Conseil fédéral a publié aujourd’hui en réponse à l’initiative sur les bourses d’études. Ce qu’il présente comme un contre-projet indirect, ne répond nullement aux objectifs de l’initiative. Pire encore, au lieu d’harmoniser les dispositions légales au niveau national, le Conseil fédéral renforce la compétence des cantons en se référant quasi exclusivement au concordat intercantonal. En bref, il renonce à définir lui-même les critères d’octroi des bourses en décentralisant les compétences.
« En Suisse, on favorise la formation des élites : ce ne sont pas les capacités personnelles qui déterminent l’accès à la formation, mais la taille du porte-monnaie », s’insurge Véronique Polito, secrétaire centrale de l’Union syndicale suisse (USS). Depuis 1990, les dépenses publiques pour les hautes écoles ont plus que doublé. Parallèlement, les dépenses pour les bourses ont reculé de plus de 10%, sachant que le nombre d’apprentis, d’écoliers et d’étudiants était, durant cette même période, en constante augmentation. « Les plus grands perdants sont les jeunes qui s’orientent vers la formation professionnelle : pour eux le système est mal conçu et limite l’accès à des aides à la formation. » Ainsi, moins de 5% des jeunes en apprentissage touchent une bourse et moins de 3% de ceux qui suivent une formation professionnelle supérieure.
Dans de nombreux cantons, c’est l’aide sociale qui prend le relai des bourses, celles-ci n’étant conçues que comme une aide accessoire à la formation. « C’est un scandale que des jeunes soient contraints de faire appel aux services sociaux pour pouvoir suivre une première formation », dénonce la présidente du Syndicat suisse des services publics (ssp), Katharina Prelicz-Huber. Selon elle, le Parlement doit corriger le tir : « S’il renonce à soutenir l’initiative sur les bourses d’études, il doit lui opposer un contre-projet sérieux. ».