Initiative sur les bourses d’études: plus que jamais nécessaire !

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Écrit par Véronique Polito, secrétaire centrale de l’USS

Au Conseil des États de corriger

Après l’exclusion de la Suisse du programme de recherche européen Horizon 2020 et du programme d’échange Erasmus+, l’initiative sur les bourses d’études offrait une chance au Conseil national de renforcer le domaine de la formation supérieure mis à mal par le vote du 9 février sur l’initiative isolationniste de l’UDC. Au lieu de cela, la Chambre du peuple a préféré voter un contre-projet indirect qui se décharge sur les cantons.

L’université, un privilège réservé aux riches

Le dernier rapport sur l’éducation 2014 le confirme : la formation universitaire reste aujourd’hui encore majoritairement l’apanage des « fils à papa ». Ainsi, les jeunes qui ont un père diplômé d’une université ont deux fois plus de chances d’accéder à des études académiques. Pas étonnant, si l’on considère les montants investis par l’État dans les bourses d’études : les dernières vingt années, plutôt que d’augmenter les sommes mises à la disposition d’un nombre d’étudiant(e)s en augmentation, la Suisse a réduit ses dépenses de plus de 10 %. Aujourd’hui, seuls 8 % des jeunes en formation bénéficient d’une bourse d’études… qui plus est, d’un montant généralement fort modeste.

Le Conseil national renvoie la balle aux cantons

L’initiative sur les bourses veut mettre fin à cette injustice en renforçant la compétence de la Confédération et en augmentant les montants mis à disposition des cantons. Le Conseil national ne l’entend pas de cette oreille et a refusé à une large majorité de soutenir l’initiative. En lieu et place, il a proposé de substituer à la loi fédérale existante une nouvelle loi se référant essentiellement au Concordat intercantonal. Il prétend offrir ainsi aux initiants un contre-projet qui réponde aux besoins – reconnus comme justifiés – relevés par les initiants. En vérité, par cette acte, il se décharge des responsabilités qui lui incombent en la matière et renvoie lâchement la balle aux cantons.

Une telle attitude est irresponsable, d’autant plus après le vote isolationniste du 9 février. Alors que le marché suisse du travail est en pleine extension, que la libre circulation est dangereusement remise en question, la Suisse s’obstine en effet à faire des économies dans l’éducation « comme si de rien n’était ». La politique fiscale libérale a mis une bonne partie des cantons dans une situation financière si délicate que certains se lancent dans de vastes programmes d’économies qui visent presque toujours la formation, de l’école enfantine à la formation tertiaire. Et c’est justement ce moment que choisit le Conseil national pour renforcer la compétence cantonale en matière d’aide à la formation !

Soutenir l’initiative plutôt que faire le choix de l’ignorance

Du moment que la position idéologique du « moins d’État, mieux d’État » s’impose, pour les représentants de la majorité bourgeoise « tout va pour le mieux, dans le meilleur des mondes ». En choisissant cette voix, le Conseil national préfère donc promouvoir l’ignorance plutôt que donner de bonnes cartes à ses jeunes en renforçant le soutien qui leur est accordé pour leur formation jusqu’au niveau tertiaire.

Pour l’Union syndicale suisse (USS), il ne fait donc aucun doute que l’initiative répondra mieux aux buts d’égalité des chances et de promotion de l’éducation que ne le fera le contre-projet. Elle en appelle à la sagesse des conseillers et conseillères aux États pour remédier au manque de clairvoyance dont a fait preuve le Conseil national.

Responsable à l'USS

Nicole Cornu

Secrétaire centrale

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