De nos jours une personne active sur deux âgée entre 25 et 39 ans possède un diplôme tertiaire (contre 35 % parmi les 55-65 ans). Qu'est-ce que cela signifie ? Le nouveau Dossier de l'USS répond à cette question.
La tertiarisation de la formation (accroissement de la part de diplômé(e)s des hautes écoles ou de la formation professionnelle supérieure dans la population active) soulève toutefois des craintes. Quel avenir pour ceux qui n'ont que peu d'affinités avec l'école ? L'apprentissage a-t-il encore une valeur propre ou est-il devenu une étape intermédiaire avant une formation tertiaire ? Tous les diplômé(e)s de degré tertiaire trouveront-ils un emploi ? Afin d'enrichir la réflexion, ce dossier analyse l'évolution depuis 1970 du niveau de formation des actifs occupés, et en particulier de la part de diplômé(e)s tertiaires dans les différentes professions et les différents secteurs d'activités. Il propose ensuite une réflexion sur les mécanismes à l'œuvre derrière ce changement structurel et formule des revendications afin d'y répondre au mieux.
Une évolution en fonction des champs professionnels
Les résultats révèlent que la part de travailleurs et travailleuses diplômés, notamment tertiaires, évolue de manière différenciée selon les professions et le niveau de formation initiale de la force de travail. Les métiers de l'informatique, de la chimie, de l'électronique, de la finance ou encore du marketing ont par exemple connu une forte tertiarisation. En revanche, de nombreuses professions dans lesquelles l'apprentissage a toujours joué un rôle important (p.ex. les métiers de l'artisanat ou de la construction, de la vente, des transports ou encore de l'industrie horlogère ou du métal) sont aujourd'hui encore occupées majoritairement par des diplômé(e)s du secondaire 2. Enfin, une part significative de la tertiarisation n'est pas issue d'une dynamique sur le marché du travail mais causée par des facteurs institutionnels et des choix politiques (p.ex. infirmiers/ères, enseignant(e)s, etc.). L'analyse identifie deux facteurs de tertiarisation. D'une part, dans pratiquement toutes les professions, les travailleurs et travailleuses sont de plus en plus diplômés. D'autre part, le nombre d'actifs occupés dans les professions à haut niveau de qualification augmente. Les nouvelles générations privilégient de plus en plus des formations supérieures et des métiers plus exigeants en termes de diplômes, modifiant ainsi progressivement le profil de formation de la population active occupée en Suisse.
Les revendications des syndicats
Des mesures sont nécessaires afin que l'évolution constatée du marché du travail profite également aux travailleurs et travailleuses. L'accès à la formation de base et à la formation continue doit être garanti pour tous sans distinction d'âge ou de classe sociale. L'acquisition de compétences de base, et dans un contexte de numérisation, de compétences numériques est une absolue nécessité. Un congé de formation de 5 jours par année augmenterait la participation à la formation continue. Il est important de développer des alternatives pour les travailleurs et travailleuses n'ayant pas la capacité d'atteindre certains niveaux de compétences et de qualifications. Il faut permettre à tous les travailleurs et travailleuses de valoriser et développer leurs compétences afin de maintenir leur employabilité et leurs chances dans un marché du travail en profonde mutation. Un conseil en orientation et un bilan de compétences périodiques font partie des instruments à exploiter. Bien que bénéficiant d'un niveau de formation toujours plus élevé, les femmes sont encore défavorisées sur le marché du travail. Des mesures de conciliation de la vie professionnelle, familiale et de la formation doivent être développées. Les travailleurs et travailleuses d'origine migratoire, qui rencontrent davantage de difficultés doivent pouvoir bénéficier de mesures ciblées afin d'éviter la reproduction des inégalités sociales. Enfin, la formation doit être soutenue financièrement, notamment par le biais des CCT, et les travailleurs et travailleuses doivent pouvoir disposer de suffisamment de temps libre à consacrer à la formation.