Pas question de revenir à la guerre froide contre les femmes !

  • Égalité des sexes
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Écrit par Christina Werder

Le conseiller national Peter Föhn fait souffler une bise glaciale sur la politique suisse. Concernant l’interruption de grossesse, il veut revenir à l’époque de la guerre froide contre les femmes. Une pareille volonté de régresser montre que les femmes doivent faire passer un message clair le 14 juin prochain, lors de la journée nationale d’action et de grève.

Le 2 juin 2002, le peuple suisse acceptait par 72 % de « oui » la solution dite des délais. Grâce à la lutte menée durant des années par les femmes, l’interruption de grossesse était enfin décriminalisée. L’obligation, pour l’assurance-maladie, de prendre en charge les frais entraînés par les avortements constituait l’un des éléments du projet soumis au vote. La loi est entrée en vigueur le 1er octobre 2002.

Ce verdict du peuple fut très difficile à digérer pour les défenseurs de la vieille morale hypocrite dans ce domaine. Après avoir laissé passer un certain temps, ils s’attelèrent à leur travail de sabotage. Pas frontalement, mais avec subtilité et sous de nouveaux « atours ». Un de leur héraut est le conseiller national UDC Peter Föhn. Peter Föhn ne veut pas que les avortements soient à nouveau interdits, mais entend les exclure du catalogue des prestations obligatoires de l’assurance-maladie de base. Selon lui, une interruption de grossesse ne serait remboursée par l’assurance qu’en cas de viol ou lorsque la vie de la mère est en danger. La motion de Monsieur Föhn passera le 12 avril prochain devant le Conseil national, lors de sa session spéciale.

Peter Föhn justifie et vend sa proposition comme une contribution à la baisse des coûts de la santé. Mais qu’adviendrait-il si la guerre froide contre les femmes s’imposait grâce à son idée ? Celles d’entre elles dont les revenus sont modestes devraient – comme par le passé – se débrouiller toutes seules ou recourir à des non-professionnel(le)s. Ce serait quand même incroyable qu’en plein 21e siècle, des femmes soient à nouveau contraintes de vivre des situations à ce point indignes !

Peter Föhn est cependant tout sauf isolé dans son combat. L’an dernier, on a en effet assisté au lancement d’une initiative populaire fédérale qui demande que les interruptions de grossesse soient retirées de l’assurance-maladie obligatoire ; cela, en avançant le même argument des coûts. La récolte des signatures prendra fin le 26 juillet 2011.

Pour parer à ce risque d’un retour à une époque supposée révolue, une seule réponse : le 14 juin prochain, les femmes doivent faire passer un message clair en faveur de l’égalité des sexes et d’une société marquée au sceau de l’égalité entre femmes et hommes.

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