Le Conseil national pense pouvoir combattre l’inégalité salariale entre femmes et hommes avec des « mesurettes » sans trop de portée. Le National a bien suivi le Conseil des États sur le fond et a accepté d’entrer en matière sur la révision tant attendue de la loi sur l’égalité, mais il veut l’affaiblir encore davantage et remettre à plus tard la mise en œuvre du principe de l’égalité salariale inscrit dans la Constitution.
Les mesures pour combattre la discrimination salariale ont fait l’objet d’une longue bataille avant d’être adoptées par le Conseil national le 25 septembre. Pour l’USS, il est scandaleux de voir que la majorité bourgeoise au Parlement s’est efforcée par tous les moyens de rogner le projet du Conseil fédéral. La droite a ainsi empêché que les employeurs et employeuses doivent réellement rendre des comptes et assumer leurs responsabilités : le législateur renonce aux contrôles et aux sanctions. Il introduit en outre une date de péremption pour l’application de la loi. La majorité au National souhaite désormais réduire davantage encore le champ d’application de l’obligation de l’analyse au sein des entreprises : cette nouvelle obligation ne concernerait plus que les sociétés comptant l’équivalent de 100 postes à plein temps (sans les apprentis). Cette décision du Conseil national est aberrante pour au moins deux raisons : d’une part, elle permet à de nombreuses entreprises qui emploient majoritairement des femmes (temps partiels) d’échapper à l’obligation d’effectuer cette analyse salariale. D’autre part, le seuil ainsi fixé est plus complexe à calculer et entraînerait un surcroît de bureaucratie. Celles et ceux-là même qui appellent sans cesse à moins de bureaucratie peuvent donc être accusés de torpiller le projet juste pour le plaisir de le couler. Il revient désormais au Conseil des États de ramener à la raison le National lors de la session d’hiver.
Attendre encore une session pour obtenir cette révision de la loi sur l’égalité est un affront pour les femmes. En particulier après la manifestation #Enough de samedi dernier, lors de laquelle 20'000 personnes ont exigé haut et fort des mesures efficaces pour l’égalité salariale. L’USS attend du Conseil des États qu’il corrige le tir pour que les mesures entrent en vigueur et puissent être évaluées rapidement. L’attente n’a que trop duré. Finies les tergiversations : l’égalité salariale doit être appliquée, et maintenant.