Le Conseil fédéral veut soutenir les proches aidants

  • Égalité des sexes
Articles
Écrit par Regula Bühlmann, secrétaire centrale de l’USS/fq

Un signe de reconnaissance pour une assistance non rémunérée

Reconnaissant les signes du temps, le Conseil fédéral entend soutenir les proches aidants, tant sous l'angle financier que sous celui du temps. L'Union syndicale suisse (USS) salue cette décision importante et attend avec impatience le projet concret d'ici la fin de l'année.

En Suisse, on travaille plus longtemps sans être rémunéré qu'en l'étant. En 2013, le nombre d'heures de travail non rémunérées était de 8,7 milliards (heures payées : 7,7 milliards). L'Office fédéral de la statistique estime que cela représente 410 milliards de francs, une contribution irremplaçable pour une économie qui fonctionne. Les femmes en fournissent 62 %. Derrière ces chiffres, il y a des personnes et leur histoire, des personnes qui consacrent leur énergie et leur temps à s'occuper d'enfants ou à dispenser des soins à des proches ; cela, tout en devant assurer leur propre revenu et celui de leur famille en ayant une activité professionnelle. Stress et travail en quantité excessive en sont les conséquences à court terme. À long terme, le temps investi dans des activités non rémunérées au lieu d'activités rémunérées se traduit par un manque d'argent et des lacunes dans la prévoyance vieillesse.

Congé payé en cas de soins

Le Conseil fédéral veut décharger ces personnes à l'aide de plusieurs mesures. Actuellement, les parents peuvent prendre jusqu'à trois jours de congé par maladie pour soigner leur enfant. Demain, ils devraient aussi pouvoir le faire pour des parents adultes malades et l'employeur devrait aussi continuer à verser leur salaire. Et dans le cas d'enfants gravement malades ou victimes d'un accident, le gouvernement veut également permettre un congé pour tâches d'assistances, afin que les parents ne soient plus contraints de renoncer à leur activité professionnelle. Il envisage entre autres, dans une variante, de compenser la perte de salaire par une allocation similaire à celle versée en cas de maternité. Une telle solution est vraiment nécessaire, car ces cas de maladie et d'accidents peuvent grever lourdement le porte-monnaie des familles. Les pertes financières sont en effet cruciales dans ce genre de situation. Le Conseil fédéral doit aussi prévoir que ces congés payés pour tâches d'assistance, ou ces réductions momentanées du temps de travail (comme c'est déjà courant en France, en Allemagne et en Autriche) soient aussi accordés à des personnes qui doivent assister des proches adultes. Comme c'est souvent pendant la dernière phase de la vie professionnelle qu'il faut porter assistance à des proches âgés, le retour ensuite dans le monde du travail n'est de fait guère possible.

Extension des bonifications pour tâches d'assistance

Un autre progrès est l'ajout proposé par le Conseil fédéral à la loi sur l'AVS. Les bonifications pour tâches d'assistance à des personnes présentant au moins une impotence moyenne, déjà reconnues par cette loi, devraient être octroyées aussi aux personnes qui prodiguent des soins ou une assistance à un parent atteint d'une impotence faible, voire éventuellement aux concubins. Les bonifications pour tâches éducatives et les bonifications pour tâches d'assistance sont déjà la principale raison pour laquelle les hommes et les femmes sont presque sur pied d'égalité dans l'AVS. C'est pour cela que, afin qu'il y ait égalité effective au plan de la rente, l'AVS doit être renforcée et la reconnaissance du travail non rémunéré étendue au 2e pilier.

L'assistance à des tiers est une tâche publique

L'USS est impatiente de voir quelle offre concrète le Conseil fédéral prévoit pour soutenir les proches aidants. À ses yeux, il faut moins se focaliser sur le développement du travail bénévole, non rémunéré, que sur une plus grande participation des pouvoirs publics. L'accueil extrafamilial des enfants, l'assistance aux personnes âgées et malades ainsi que la couverture médicale doivent être accessibles à tout un chacun - contre paiement ou non -, d'un haut niveau de qualité et adaptés aux besoins existants. Outre les amorces de solutions judicieuses du Conseil fédéral destinées à décharger les proches aidants sur le plan financier, l'USS attend que l'on s'efforce davantage d'alléger cette charge au plan temporel. Le Conseil fédéral doit comprendre l'assistance apportée à des personnes qui en ont besoin comme une responsabilité qui relève de la société et non des individus, et renforcer ce type de prestations, comprises comme faisant partie intégrante du service public.

Top