La majorité masculine de droite du Conseil fédéral a non seulement envoyé balader la modeste initiative en faveur d’un congé paternité, mais aussi les propositions de contre-projet du conseiller fédéral Berset. Cela coûte trop cher, voilà sur quoi s’appuie l’argumentation.
Les 420 millions annuels que coûterait le congé paternité de quatre semaines sont trop chers pour les hommes du Conseil fédéral. Ce dernier a par contre trouvé le même jour les milliards nécessaires à une candidature aux jeux olympiques.
La Suisse est la lanterne rouge en matière de congé paternité
Quand il s’agit du droit à un congé parental pour la naissance d’un enfant, la Suisse est à la traîne de l’Europe : alors que dans l’UE, les parents peuvent prendre chacun au moins quatre mois de congé parental par enfant, les jeunes parents ont ici 14 semaines de congé maternité et juste un jour de congé paternité. Cela suffit à peine pour que les pères puissent assister à la naissance de leur enfant et que les mères puissent s’en remettre. La nouvelle organisation et la création d’une entité en tant que famille famille ont définitivement besoin de plus de temps.
De l’avis du Conseil fédéral, c’est l’affaire des employeurs et des partenaires sociaux. Le Gouvernement veut pour sa part se concentrer sur l’accueil extra-familial des enfants et prévoit pour cela un dixième du budget des jeux olympiques : 100 millions d’aide financière pendant cinq ans…
Les syndicats continuent à aller de l’avant
Les syndicats font leurs devoirs : le développement du congé paternité a été un des fers de lance des améliorations apportées dans les CCT, plus d’un père profite donc d’un congé paternité d’une, deux semaines, ou encore plus. Mais il est inacceptable que les solutions pour les parents dépendent de la collaboration des employeurs ou non. Car beaucoup d’entre eux craignent les coûts et l’organisation que l’absence payée des pères implique. Ce qu’ils acceptent sans broncher pour les cours de répétition annuels serait subitement un problème à la naissance d’un enfant comme si apprendre à tuer serait un objectif plus noble que d’accompagner un enfant pour sa venue au monde.
Raison pour laquelle un minimum légal supérieur à un jour est urgemment nécessaire. Le Conseil fédéral justement, qui veut encourager l’intégration dans le marché du travail des femmes par l’initiative visant à combattre la pénurie de personnel qualifié devrait avoir un intérêt à répartir la responsabilité de l’éducation des enfants entre les deux parents. Un congé paternité serait un premier petit pas, mais urgemment nécessaire.
La famille : pas seulement une affaire privée
Les autres étapes importantes que l’USS demande depuis longtemps déjà sont un congé maternité plus long payé à 100 % et 12 semaines de congé parental chacun qui permettent non seulement un bon départ dans la vie de famille, mais qui facilitent aussi l’organisation ultérieure du quotidien. Cela permettrait aux parents de repenser la représentation enlisée des rôles et s’occuper ensemble des revenus de la famille et de l’éducation des enfants. La famille n’est pas qu’une affaire privée : elle est l’affaire des hommes et des femmes, et, si la Confédération est sérieuse avec l’initiative visant à combattre la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, également celle des pouvoirs publics. La Suisse doit créer un avenir où le grand événement unique n’est pas plus important que le travail familial permanent. L’initiative en faveur du congé de paternité offre cette chance.