Le 31 août, les hommes retraités ont déjà touché le montant de rente que les femmes obtiendront en toute une année. Celles-ci ont en moyenne des rentes moins élevées d’un tiers. L’Equal Pension Day lancé par l’Union syndicale suisse (USS) attire l’attention sur cette inégalité et rappelle l’urgence d’agir pour la corriger.
L’écart d’aujourd’hui entre femmes et hommes en matière de retraites est le reflet des inégalités professionnelles et salariales d’hier. Les femmes interrompent plus souvent leur activité et travaillent plus souvent à temps partiel, la plupart du temps afin d’assumer davantage de tâches au sein de la famille et du foyer. Le travail des femmes aboutit donc à des rentes scandaleusement basses.
La prévoyance professionnelle ne représente qu’un maigre complément pour de nombreuses femmes. Un tiers d’entre elles ne perçoit aucune rente du deuxième pilier. Et lorsque c’est le cas,la prestation est en moyenne de moitié inférieure à celle des hommes. Une femme sur deux qui a pris sa retraite en 2018 reçoit une rente LPP de moins de 1165 francs par mois : « Dans les professions typiquement féminines, des rentes de la prévoyance professionnelle de 500 à 800 francs par mois sont courantes ; cela ne permet pas de vivre ! » affirme Gabriela Medici, secrétaire centrale de l’USS.
Les femmes peuvent, certes, compter sur l’AVS : après la première grève des femmes, des mesures décisives pour favoriser l’égalité ont été introduites. Elles réduisent les effets des différences salariales et tirent à la hausse le montant des rentes. En conséquence, les rentes AVS des femmes et des hommes sont aujourd’hui à un niveau à peu près identique. Mais la rente AVS mensuelle maximum est de 2370 francs par mois – là aussi, un montant insuffisant pour assumer toutes les dépenses courantes. « Réduire les rentes sur le dos des femmes comme le prévoit le Parlement est une insulte une année après la grande grève des femmes de 2019. Les retraites des femmes doivent augmenter, pas diminuer ! » demande la conseillère nationale PS Mattea Meyer.
Presque 11 pour-cent des femmes doivent, à peine arrivées à la retraite, demander des prestations complémentaires pour boucler les fins de mois : c’est la triste réalisé. Ceci, alors qu’elles ont pris soin d’enfants et de proches, été actives professionnelles, et subi un sous-emploi plus important que les hommes. A la retraite, elles continuent d’ailleurs à assumer la plus grande partie du travail de prise en charge des petits-enfants. En 2019, 140 000 femmes bénéficiaient de prestations complémentaires – contre la moitié seulement d’hommes. Les femmes divorcées et veuves sont particulièrement touchées. « Nous ne pouvons plus balayer d’un revers de main les inégalités en matière de retraite. C’est aussi pour les réduire qu’il faut une 13e rente AVS » : voilà ce qu’affirme la conseillère nationale verte Léonore Porchet à l’occasion de l’Equal Pension Day.