Nous sommes encore bien loin d’une vraie égalité. Les femmes ont toujours un revenu inférieur, assument la majorité du travail non rémunéré et sont confrontées à des discriminations ainsi qu’au harcèlement. Il faut qu’enfin des progrès concrets soient rapidement réalisés à tous les niveaux. C’est pourquoi les collectifs féministes régionaux, les syndicats ainsi que le PS, la Jeunesse socialiste, les Vert-e-s et les Jeunes Vert-e-s ont appelé aujourd’hui à la grande Grève féministe du 14 juin. Aujourd’hui, deux semaines avant la grève, ils ont lancé la mobilisation finale. Des actions et des manifestations auront lieu dans tout le pays, et à trois moments symboliques de la journée, l’accent sera mis sur des inégalités particulièrement graves.
Dans toutes les régions du pays, des collectifs féministes travaillent d’arrache-pied à la préparation du 14 juin pour lequel ils ont rédigé un appel national commun. Jacqueline Lavanchy, du collectif valaisan a expliqué aujourd’hui qu’« il y a de nombreuses raisons de faire grève le 14 juin 2023 : le relèvement de l’âge de la retraite des femmes dans l’AVS, la baisse prévue des rentes du 2e pilier, la violence sexiste et sexuelle ainsi que domestique permanente, le fait que le revenu des femmes soit en tout inférieur de 43 % à celui des hommes et les 18 % de salaire en moins que touchent les femmes professionnellement actives, le financement lacunaire des structures d’accueil des enfants et les discriminations structurelles. » La représentante du collectif féministe soleurois, Madeleine Ducommun-Capponi, annonce quant à elle que, « le 14 juin, la Suisse vivra au rythme de la Grève féministe. Pendant la journée, des actions auront lieu dans tout le pays. En fin d’après-midi, dans 20 villes, nous descendrons dans la rue et ferons entendre haut et fort nos revendications. »
Les syndicats se focaliseront sur la situation sur les lieux de travail où de nombreuses discriminations ont lieu aujourd’hui encore. Parce que les salaires des femmes sont inférieurs à ceux des hommes, parce qu’il manque des structures d’accueil et parce que le harcèlement fait partie du quotidien : « Pendant la pandémie, nous avons applaudi les travailleuses des secteurs des soins, de la vente et du nettoyage. Mais les salaires et les conditions de travail sont restés inchangés. Les femmes se battent toujours contre des salaires inférieurs à ceux des hommes, des rentes trop petites, la difficulté à concilier famille et profession ainsi que la violence et les discriminations », fait observer Aude Spang, coprésidente de la Commission féministe de l’USS. Pour Patrizia Mordini, également coprésidente de la Commission féministe de l’USS, il est clair « que nous avons besoin de meilleurs salaires et de rentes plus élevées, d’une durée de travail plus courte et d’un temps de travail plus prévisible, d’un vrai congé parental et enfin d’une tolérance zéro à l’égard des agressions sexuelles au travail. Sous le slogan « Du respect, du temps, de l’argent », les travailleuses de nombreuses entreprises, présenteront précisément ces revendications le 14 juin. »
Les partis de gauche – Jeunes Vert-e-s, Jeunesse socialiste, Vert-e-s et PS – soutiennent aussi la Grève féministe et appellent à la mobilisation. Pour Sibel Arslan, conseillère nationale Les Vert-e-s et co-coordinatrice du Réseau des Femmes vertes, il faut qu’en fin des mesures systématiques soient prises dans toute la suisse pour lutter contre la violence sexiste et sexuelle ainsi que domestique : « En 2017, la Suisse a ratifié la Convention d’Istanbul contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Il est enfin temps que ces objectifs soient réalisés. Sans tergiversations ! » Tamara Funiciello, conseillère nationale socialiste et coprésidente des Femmes socialistes, a conclu en déclarant que « Nous sommes ici parce que la société est portée par le travail non rémunéré des femmes, dont la valeur est de 248 milliards de francs par année Et malgré cela, elles sont plus pauvres une fois à la retraite. »
Le 14 juin, des actions auront lieu dans toutes les grandes villes et dans de nombreuses entreprises. À 10 h 46, on fera du bruit pour protester contre l’énorme écart existant entre les rentes des femmes et celles des hommes ; à 13 h 33, on croisera les bras, à cause de la différence de revenu de 43,2 % entre hommes et femmes et à partir de 15 h 24, s’arrêtera pour souligner et contester l'inégalité salariale. Des grandes manifestations sont prévues en soirée.