La grave affaire UBS, provoquée par un remplissage de poche et une recherche du profit effrénés, et le sauvetage sans précédent de cette banque par un État dont elle s’était jusque là tant gaussée ont violemment secoué la Suisse. Durant cette session parlementaire, les Chambres auraient même eu l’occasion – et cela, sous divers angles – de mettre des garde-fous aux activités des grandes banques, d’agir dans un but préventif et de se montrer constructives. Donc : de sortir de leur rôle servile à l’égard de ces dernières.
La gauche a demandé que l’on prenne des mesures claires et que les leçons de ce triste épisode soient tirées, à savoir : au plan de l’analyse, une commission d’enquête parlementaire (CEP) chargée de clarifier ce qui s’est passé, afin de ne pas refaire les mêmes erreurs. Et pour le futur : l’introduction d’un impôt sur les bonus, parce que ce n’est rien que justice. Mais aussi parce que ceux-ci produisent les crises. Or, aujourd’hui déjà, ils recommencent à être généreusement distribués ; et cela, précisément à ceux qui ne doivent leur survie qu’à l’aide de l’État ! La gauche a aussi demandé une régulation des activités bancaires pour empêcher les spéculations débridées. Telles sont les conditions de son acceptation de l’accord conclu avec les États-Unis. Et le Conseil fédéral était prêt, ici, à ouvrir au moins quelques portes.
Que s’est-il passé en réalité ? Sur la question de la CEP, après deux semaines de session, reste encore un espoir, mais ténu.
Et concernant la prévention ? L’UDC s’est désormais muée en « parti pro-bonus ». Elle s’est donné un nouvel ennemi public numéro 1 : l’« impôt sur les bonus », pour remplacer l’ancien, les « criminels étrangers ». Il sera intéressant de voir comment ce parti populiste va expliquer cela à sa base.
Le PDC et le PRL ont rallié plus ou moins franchement cette position. Mais ils ne s’y sentent pas vraiment comme « chez eux ». Finalement, il ne faut pas oublier son électorat qui, après une prochaine crise, pourrait demander à ses représentant(e)s des comptes quant à ce qui aurait dû être légiféré suite à la dernière crise. Conséquence : des motions sont acceptées parce que l’on a confiance dans la lenteur de la moulinette parlementaire et que l’on sait qu’avec le temps, les problèmes perdront de leur acuité. Mais également parce que l’on espère que quelques mesures homéopathiques attesteront, aux yeux de sa propre base électorale, que l’on est bel et bien animé par la volonté de réguler.
Après deux semaines de session, la droite peut certes toujours prendre la bonne direction. Mais sera-t-elle capable d’échapper à son passé et de tourner un jour le dos à ses mécènes ?