La Suisse est une oasis pour les entreprises qui y sont peu taxées. De nouvelles baisses coûtent beaucoup et n’apportent rien. Au contraire, elles mettent en danger notre prospérité.
La troisième réforme de l’imposition des entreprises (RIE III) coûtera au moins 1000 francs par ménage par année, alors que les entreprises en profitent. Rien que ce report des coûts sur les travailleurs et les travailleuses montre à quel point cette réforme est unilatérale. Et la campagne est aussi un affront pour les travailleurs et les travailleuses. Si l’on en croit Ueli Maurer et les organisations économiques, les impôts seraient tout à coup déterminants pour notre prospérité.
Mais toutes celles et ceux qui sont en contact avec les entreprises savent que ce sont la qualité du travail effectué et l’engagement des salarié(e)s qui comptent ici. Si les produits suisses de l’industrie des machines peuvent être compétitifs avec ceux de la Chine et d’autres pays, c’est uniquement parce que la main-d’œuvre de notre pays est en tête de la Ligue des champions mondiale.
En matière d’imposition des entreprises, la Suisse fait déjà partie des pays où les impôts sont les plus bas. Il n’y que des pays comme la Bulgarie, la Serbie-Monténégro, le Paraguay ou les Emirats arabes unis qui aient une fiscalité encore plus basse. Ces pays stagnent dans une ligue de bas niveau en termes de qualité du travail. Voilà pourquoi ils n’ont jamais pu attirer les entreprises. De nouvelles baisses seraient, dans le meilleur des cas, de l’argent jeté par la fenêtre.
Pour nos entreprises, l’entrée dans notre Ligue des champions a toutefois un prix qui se nomme impôts. Sans imposition des bénéfices, les actionnaires étrangers pourraient profiter gratuitement des avantages de la Suisse.
La comparaison entre les cantons montre aussi que la fiscalité n’est pas si importante pour les entreprises. Zoug ou Lucerne ont des impôts sur les bénéfices bien plus bas que Zurich. Ils sont situés à moins d’une heure de Zurich. Et pourtant, Zurich est le principal centre économique de Suisse.
Les partisans de la réforme prétendent que les baisses d’impôts et les nouvelles possibilités d’optimisation fiscale en valent la peine. Et pourtant, la réalité dans les cantons montre le contraire. Dans des cantons comme Lucerne, Schwytz, etc. qui ont fortement baissé leur fiscalité des entreprises il y a 5 à 10 ans, les programmes d’austérité se suivent. Bien que les gouvernements aient promis le contraire. Des baisses générales des impôts sur les bénéfices des entreprises provoquent des pertes fiscales durables.
Nous tous en seront les victimes, les travailleurs et travailleuses et les ménages privés. L’exemple du canton de Lucerne nous le montre : les mesures d’austérité sont les suivantes :
- hausse des impôts pour les personnes privées de plus de 5% : un ménage paie chaque année jusqu’à 500 francs de plus. Dans le nouveau train de mesures, une nouvelle hausse de l’impôt cantonal de 1,6 à 1,7% est prévue ;
- coupes dans la formation, précisément dans la relève de notre Ligue des champions : celles-ci sont allées si loin que les écoliers ont manifesté contre une semaine de vacances forcées ;
- coupes dans les écoles de musique : les cours renchérissent de 150 francs par an par enfant ;
- fermeture du bureau des objets trouvés (remplacé par une plateforme Internet).
La RIE III est mauvaise pour nous tous et toutes, et pour l’avenir de notre pays. C’est pourquoi il faut un NON clair et net à la RIE III le 12 février.