Répartition inégale

Photo : © Hyejin Kang / istockphoto.com

 

L’heure est à un changement de cap dans la politique des revenus

  • Finances et fiscalité
  • Salaires et CCT
Communiqués de presse

Rapport sur la répartition 2024 de l’USS : les seuls gagnants sont les très hauts salaires

Les salaires réels bas et moyens stagnent ; la charge due aux primes d’assurance-maladie est devenue trop lourde à porter. La politique fiscale de la Suisse va clairement dans la mauvaise direction. Les revenus bas et moyens sont ponctionnés, tandis que les très hauts revenus et les personnes aisées tirent leur épingle du jeu. Les plus hauts salaires se sont même envolés. Les entreprises versent des dividendes en hausse. Et les cantons diminuent les impôts frappant les hauts revenus et la fortune. L’heure est à une refonte de la politique des salaires et des revenus. Pour que les personnes qui doivent travailler dur au quotidien s’en sortent financièrement.

Les salaires réels bas et moyens risquent de connaître une « décennie perdue ». Aujourd’hui, les salaires ne sont pas beaucoup plus élevés qu’en 2016 en valeur réelle. En effet, de nombreux employeurs ont certes facturé des prix plus élevés à leur clientèle, mais sans juger bon d’accorder à leur personnel la compensation du renchérissement. Les cadres et les plus hauts revenus gagnent par contre aujourd’hui 3000 francs de plus par mois (1 % des salarié-e-s les mieux payés). Pour la première fois, plus de 4000 personnes en Suisse perçoivent un salaire annuel égal ou supérieur à un million de francs. « L’individualisation de la politique salariale bénéficie de manière disproportionnée aux cadres et aux top managers. Pour que les travailleuses et travailleurs reçoivent leur part des richesses qu’ils produisent, il faut au contraire à nouveau davantage de hausses généralisées des salaires », affirme Daniel Lampart, économiste en chef de l’USS.

La politique fiscale actuelle renforce les inégalités

La politique fiscale fait également le jeu des personnes aisées et de la classe supérieure. Les cantons se sont remis à réduire les impôts sur le revenu et la fortune, et de nouvelles baisses sont à l’ordre du jour. D’un autre côté, les primes d’assurance-maladie grèvent toujours plus le budget des revenus inférieurs ou moyens – d’autant plus que les cantons n’augmentent que faiblement leurs subsides au paiement des primes. Une famille de quatre personnes paie déjà aujourd’hui plus de 1000 francs par mois – même avec un modèle du médecin de famille ou de type HMO. « Au lieu de corriger la répartition inégale des revenus, la politique fiscale actuelle renforce les inégalités, en particulier parce que les primes-maladie, qui ne sont rien d’autre qu’un impôt par tête, augmentent sans cesse », constate Pierre-Yves Maillard, président de l’USS.

Une fois les impôts et le loyer payés, les personnes à revenus normaux ou bas ont moins pour vivre aujourd’hui qu’en 2016. La situation financière des ménages les plus aisés s’est par contre améliorée. Leurs revenus bruts ont augmenté. Et comme la Suisse est le seul pays d’Europe à financer son système de santé avec un impôt par tête, ils sont moins sollicités qu’ailleurs pour couvrir l’évolution des coûts de la santé. La Suisse est dès lors le pays d’Europe qui corrige le moins les inégalités de répartition.

Il faut des augmentations salariales substantielles

L’heure est à un tournant dans la politique des salaires et des revenus. Il est temps d’augmenter vigoureusement les salaires réels normaux ou bas. Quiconque a fait un apprentissage devrait gagner au moins 5000 francs par mois. Plus généralement, tous les salaires devraient se monter à 4500 francs au minimum. De telles augmentations de salaires sont économiquement possibles. Les affaires marchent bien et les entreprises réalisent des marges confortables. « Pour que le retard accumulé en matière de salaires soit compensé, il faut cet automne de substantielles augmentations, en particulier pour les revenus bas et moyens et dans les branches où travaille une majorité de femmes. Nous placerons la question salariale au centre cet automne, dans les entreprises et dans la rue », déclare Vania Alleva, vice-présidente de l’USS et présidente d’Unia.

Renforcer le pouvoir d'achat

En matière de politique fiscale, il faut réduire les « impôts par tête » que constituent les primes d’assurance maladie – en augmentant les budgets consacrés à la réduction de primes. C’est précisément ce que prévoit l’initiative d’allègement des primes. Personne ne doit consacrer plus de 10 % de son revenu aux primes d’assurance-maladie. Les baisses prévues des impôts sur le revenu et la fortune vont par contre dans la mauvaise direction. Elles améliorent encore la situation de personnes qui n’en ont pas besoin.

Top