L’appréciation du franc a lieu au début d’une reprise économique. Actuellement, les commandes redeviennent en effet plus nombreuses. Mais si les entreprises suisses ne peuvent pas faire des offres à des prix avantageux aujourd’hui, elles risquent de perdre durablement des parts de marché. L’appréciation du franc peut donc causer de graves dégâts à moyen terme.
Les (grandes) banques prétendent que la valeur actuelle du franc par rapport à l’euro (Fr. 1,40 / 1 €) est équitable. C’est là aussi suggérer que le franc se déplacera tôt ou tard automatiquement dans cette direction et que la Banque nationale suisse (BNS) ne pourra que freiner le rythme de cette appréciation. Mais si l’on regarde les estimations et statistiques existantes, la réalité apparaît différente. Selon elles, le franc est actuellement surévalué, ce qui est la conséquence de spéculations exagérées. À moyen terme, il faut s’attendre à ce qu’elle s’amoindrisse, car les interventions de la BNS contrarient les effets de ces spéculations.
- En termes « réels » le cours du franc par rapport à l’Allemagne est actuellement d’environ 107 ; cela, alors que la moyenne historique est de 100. Le franc serait donc surévalué de 7 pour cent (indice des cours de change de la BNS).
- En Suisse, les prix relatifs à l’exportation se sont, pour un cours franc/euro d’environ 1,46, rapprochés de leur record historique au début de 2010 déjà, (SECO, Tendances conjoncturelles printemps 2010). On n’a connu une compétitivité-prix de l’économie d’exportation moins bonne qu’au milieu des années 1990, à cause de l’appréciation du franc. La récente appréciation a rendu cette compétitivité-prix plus mauvaise que jamais. Ce qui indique clairement une nette surévaluation.
- Selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI), la valeur du franc était équitable au printemps 2009 (Article IV Consultation 2009). Cela, alors que son cours était de 1,51 pour 1 euro.
- Au printemps 2008, le FMI partait de l’idée d’une sous-évaluation d’environ 7 pour cent (Article IV Consultation 2008). À l’époque, le cours franc/euro était de tout juste 1,60.
- Celui qui – comme les économistes de l’UBS et du Crédit Suisse – dit que la Suisse est un îlot de cherté, affirme aussi, implicitement, que le franc est surévalué.
Pour empêcher le développement de tendances à la déflation et d’importants reculs des ventes pour l’industrie d’exportation, la BNS doit s’attaquer à l’actuelle appréciation du franc. Tôt ou tard, ce dernier va se diriger vers une valeur équitable, c’est-à-dire vers plus de 1,45 pour 1 euro. Ensuite elle pourra à nouveau vendre ses placements en euros.