La porte ouverte à la sous-enchère

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Écrit par Daniel Lampart

Malgré la fixation d’un taux plancher de 1,20 franc pour 1 euro, notre franc reste forte-ment surévalué. En conséquence, la pression sur les salaires et les emplois se maintiendra ces prochains temps.

Les nouvelles embauches sont particulièrement sensibles. Elles courent en particulier le risque de faire l’objet de pression sur les salaires. Si un employeur veut baisser le salaire d’un emploi déjà occupé, il doit résilier le contrat de travail. Ce n’est toutefois pas nécessaire dans le cas d’une nouvelle embauche, car il peut alors proposer un nouveau contrat avec un salaire inférieur.

En Suisse, 10 % des salarié(e)s passent d’un emploi sur la durée à un autre, sur la durée aussi. Le potentiel pour baisser les salaires est ainsi relativement élevé dans ces cas. Mais ce sont surtout les emplois temporaires, les missions brèves ou la main-d’œuvre détachée – c’est-à-dire les engagements de courte durée qui impliquent de nombreux changements – qui sont sensibles sous cet angle. En effet, contrairement à ce qui est le cas avec une nouvelle embauche pour une activité sur la durée, il n’y a guère de risque qu’une personne nouvellement engagée se plaigne, après un certain temps, parce qu’elle gagne moins que ses collègues.

L’Enquête suisse sur la structure des salaires fait apparaître que les salaires de départ ont été sous pression ces dernières années. Si elles ne vont malheureusement que jusqu’en 2008, les données à disposition montrent entre autres que les salaires des personnes au bénéfice d’une autorisation de courte durée sont systématiquement inférieurs aux autres.

Et depuis lors, le problème s’est très vraisemblablement aggravé. À l’époque en effet, le  cours du franc était nettement supérieur à 1,50 franc pour 1 euro. Aujourd’hui, il est de 1,20 franc. En outre, le nombre de personnes ayant une autorisation de courte durée (jusqu’à 90 jours) est beaucoup plus grand. L’emploi temporaire aussi s’est fortement développé (près de 20 % sur un an). Or, il se caractérise par de fréquents changements d’emploi. Cette année, on devrait donc avoir atteint un record dans ce domaine. Selon le rapport du SECO sur la mise en œuvre des mesures d’accompagnement, 41 % des agences de travail temporaire ont versé des salaires trop bas. Les travailleuses et travailleurs temporaires se trouvent essentiellement dans l’industrie, un secteur particulièrement concerné par la cherté du franc.

C’est pourquoi, pour protéger les salaires suisses de toute pression, il faut surveiller de près les nouvelles embauches. L’USS exige que la moitié des salaires de départ soit examinée. 

Responsable à l'USS

Daniel Lampart

Premier secrétaire et économiste en chef

031 377 01 16

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Daniel Lampart
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