Même avec un cours légèrement inférieur à 1,10 franc pour 1 euro, notre monnaie reste largement surévaluée. L’inflation est fortement négative. Le chômage est en hausse. Dans l’hôtellerie-restauration et dans l’industrie, presqu’un emploi sur dix a été perdu depuis que le franc s’est mis à s’apprécier, en 2008. Comme aucune limite inférieure ne lui est fixée, de nouveaux chocs dus à son appréciation ne sont pas à exclure.
Les taux d’intérêt négatifs et les interventions sur le marché des devises des derniers mois ont certes eu quelques effets. Mais ces mesures sont insuffisantes. La Banque nationale suisse (BNS) est trop passive et table manifestement toujours sur l’espoir que le franc perdra de sa valeur. Même après la décision prise aujourd’hui par la BNS de ne rien faire, on ne voit pas quel objectif celle-ci poursuit avec quels instruments.
Le franc doit être utile à la Suisse, pas lui nuire. L’Union syndicale suisse (USS) attend de la BNS qu’elle ramène une fois pour toutes le franc à un niveau supportable, qui protège les salaires et les emplois. Par le passé, la BNS a agi ainsi la plupart du temps : entre 1978 et fin 2009, d’abord explicitement par rapport au Deutsche Mark (80 ct /1 DM) et plus tard, par rapport à l’euro, implicitement. Ici, l’instrument le plus efficace est un taux plancher explicite ou un objectif de cours, explicite aussi. Les taux d’intérêt négatifs peuvent faciliter l’application de cet objectif, mais à eux seuls, ils n’ont qu’une incidence limitée, comme la persistance de la nette surévaluation du franc ces derniers mois le montre..
renseignements
- Daniel Lampart, premier secrétaire et économiste en chef de l'USS, 079 205 69 11
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