Sous l’ère Merz, la réputation du Département fédéral des finances fut méchamment mise à mal. Chiffres erronés, projets de baisses d’impôt pour les gros salaires, les riches et les banques ainsi que mesures d’austérité inutiles ont marqué cette époque de leur empreinte.
Depuis plusieurs années, ce département publie, concernant la Confédération, de sombres perspectives financières. Ce qui a servi à justifier l’engagement de mesures d’austérité et le renvoi à plus tard de l’assainissement de l’AI. Or, la réalité des finances fédérales a été, année après année, bien meilleure qu’annoncé. Les comptes ont bouclé nettement mieux que pronostiqué. Sous l’ère Merz, les résultats de la Confédération ont été supérieurs de près de 23 milliards de francs à que ce qui avait été budgétisé. Soit plus d’un tiers du budget total de la Confédération !
Le Département des finances a, toujours sous l’ère Merz, battu tous les records avec la deuxième réforme de l’imposition des entreprises. Lors d’une conférence de presse avant la votation à ce sujet, en 2008, le conseiller fédéral Hans-Rudolf Merz avait déclaré qu’il était temps de faire quelque chose pour les petites et moyennes entreprises - les PME - pour tous ces milliers de peintres, de pharmaciens, de garagistes, de fleuristes, de bouchers. Or, grâce à cette réforme, ce sont avant tout des grands groupes, comme le Crédit Suisse, Swiss Re ou ABB, qui versent encore plus de dividendes (non imposés !), faisant des trous de plusieurs milliards de francs dans les finances de la Confédération. À l’époque, les citoyens et les citoyennes ont été salement grugés.
La successeure de Monsieur Merz, la conseillère fédérale Evelyn Widmer-Schlumpf, a désormais la possibilité de restaurer la réputation de ce département. Mais elle est plutôt mal partie pour y arriver. Elle veut en effet offrir près de 200 millions de baisses d’impôts aux banques afin qu’elles puissent s’endetter à meilleur marché encore (suppression du droit d’émission). Et elle essaie, en plus, de cacher les pertes à hauteur de milliards de francs occasionnées par la réforme de l’imposition des entreprises. Car, il devrait même s’agir d’un montant encore plus élevé que celui présenté lundi à la presse.
Ce sont une nouvelle fois les personnes fortunées et les super-riches qui profiteront de ce cadeau fiscal fait aux actionnaires. En effet, ce sont eux qui détiennent les actions, les ménages ordinaires n’en possédant guère. En moyenne, un actionnaire bénéficiera ainsi d’une remise fiscale d’environ 1000 francs par an !
La politique financière appliquée par la conseillère fédérale Widmer-Schlumpf semble de ce fait être la copie parfaite de celle du conseiller fédéral Merz : les riches et les gros revenus profitent de rabais fiscaux alors que la famille moyenne attend depuis des années que la Confédération améliore une bonne fois les réductions des primes-maladie, pour que les budgets des ménages ne soient pas mangés par l’explosion de ces primes.
La conseillère fédérale Widmer-Schlump doit stopper les remises fiscales offertes aux gros actionnaires et aux banques. Avec sa politique, le conseiller fédéral Merz a perdu la face. Avec la sienne, Madame Widmer-Schlumpf court le risque de ne plus oser regarder la population dans les yeux…