La population a clairement rejeté une nouvelle baisse des impôts pour les entreprises. L’Union syndicale suisse s’était engagée contre la suppression du droit de timbre d’émission parce qu’un changement de cap s’impose dans la politique fiscale. La priorité numéro un doit aller à l’allègement des charges pour les travailleuses et les travailleurs ainsi qu’à l’amélioration de leur pouvoir d’achat. Il faudra en particulier s’attaquer au fardeau toujours plus intolérable que représentent les primes d’assurance maladie. Lors du débat sur l’initiative d’allègement des primes, le Parlement doit absolument saisir l’opportunité de prendre enfin une décision qui serve les intérêts des travailleuses et travailleurs du pays.
Dans le contexte actuel d’augmentation des charges et des loyers, le non sec et sonnant prononcé par les électrices et les électeurs à la suppression du droit de timbre d’émission n’a rien de surprenant. Ils ont ainsi empêché la tentative d’exonérer encore davantage les entreprises et leurs propriétaires de leur participation aux charges collectives. Les entreprises utilisent les services et les infrastructures publiques indépendamment du fait qu’elles font des bénéfices ou non. Sans le droit de timbre d’émission, certaines sociétés n’auraient plus du tout contribué au financement des services publics.
Au vu des problèmes de pouvoir d’achat des ménages, ce projet était de toute évidence inapproprié. Malgré la reprise économique, les revenus nets de nombreux ménages à revenu normal ont baissé. Et la hausse des primes maladies a englouti bien davantage que les modestes augmentations de salaire de ces dernières années. Les gens qui gagnent normalement leur vie ont de plus en plus de difficulté à s’en sortir financièrement.
Après la RIE III et les déductions pour enfants forfaitaires et injustes, c’est la troisième fois qu’un projet fiscal déséquilibré, ficelé par le Parlement, échoue en votation populaire. Il serait donc grand temps que ce même Parlement prête attention au signal clair qui lui est envoyé : après des années d’allègements fiscaux pour les entreprises, les personnes fortunées et les gros revenus, il faut maintenant des décisions politiques qui vont renforcer le pouvoir d’achat des gens ordinaires.
Il faut s’attaquer en premier lieu à la charge insupportable que représentent les primes d’assurance maladie, qui ont un effet dégressif en termes de politique des revenus. Il faut davantage de réductions de primes, afin que personne ne doive consacrer plus de 10 % de son revenu aux primes. Le traitement de l’initiative sur l’allègement des primes par le Parlement offre la possibilité de mener enfin à bien, avant la fin de la législature, un projet de politique fiscale qui profitera à l’ensemble de la population.