résumé
Le présent Dossier de l’USS se penche sur la question de la situation économique des retraité(e)s en Suisse. Pour y répondre, nous avons recouru à diverses sources soit, en plus des études récentes sur la prévoyance vieillesse, diverses statistiques d’assurances sociales (cf. p. 6).
Il apparaît que le modèle suisse des trois piliers - une combinaison de prévoyance publique, professionnelle et privée - vanté jusqu’à l’étranger comme une réussite, un modèle idéal, ne résiste pas à une analyse empirique. En l’état, il n’est en effet pas en mesure de garantir à la majorité des aîné(e)s le maintien de leur niveau de vie antérieur.
Seul un tiers des nouveaux retraités et moins d’un cinquième des nouvelles retraitées touchent des prestations des trois piliers. Il est bien plus fréquent que le budget des ménages de retraité(e)s soit composé de rentes AVS et de prestations de la prévoyance vieillesse (sous forme de rente et/ou de capital). Cela concerne 44,4 % des hommes et 37,2 % des femmes. Cependant, la prévoyance vieillesse de 12,6 % des hommes et 37,7 % des femmes repose uniquement sur le 1er pilier, c’est-à-dire l’AVS.
Les retraité(e)s qui ne reçoivent pas de prestations des 2e et 3e piliers, ou qui ne bénéficient que de faibles compléments versés par leur 2e pilier, risquent de devoir se restreindre de manière draconienne, voire de basculer dans la pauvreté. En effet, la plupart des ménages de retraité(e)s confrontés à des difficultés financières n’ont pas de revenu qui leur viendrait d’une activité lucrative. Et il leur est tout aussi peu possible de recourir à une fortune pour financer leurs dépenses. Les retraité(e)s qui n’ont droit qu’à une rente AVS partielle ou une petite rente complète n’ont plus guère d’autre possibilité que de se soumettre au pénible examen de leurs besoins économiques, pour obtenir des prestations complémentaires.
Ainsi une majorité de retraité(e)s se trouvent dans l’incapacité de maintenir leur niveau de vie antérieur. La pauvreté est et reste dans une mesure importante un phénomène lié à la vieillesse, ou, pour le dire en d’autres termes, les personnes âgées sont plus souvent victimes que les autres de la pauvreté. En premier lieu les femmes, les personnes d’un bas niveau de formation, les ressortissant(e)s étrangers ainsi que les personnes très âgées et dépendantes de soins sont les groupes guettés par ce risque. Presque toujours, le fait d’avoir été défavorisé durant sa vie professionnelle (en raison d’un bas niveau de formation, d’un travail dur et mal payé ou à cause d’interruptions de l’activité lucrative en raison d’un chômage persistant, de la naissance d’un enfant ou de la prise en charge de la famille, de la maladie ou d’un accident) implique que l’on sera aussi défavorisé une fois à la retraite.
Toutes ces données prouvent que l’image si prisée des « vieux riches » s’avère un préjugé sciemment réducteur pour des raisons polémiques. Au vu de la situation inégalitaire qui règne au sein du groupe des retraité(e)s et étant donné que trop de ménages de retraité(e)s doivent s’en sortir avec des ressources très limitées, l’Union syndicale suisse (USS) demande que l’AVS soit améliorée via une hausse des rentes à l’intention des bas et moyens revenus.