Les graves manquements des responsables de Credit Suisse (CS) et l’échec collectif de la réglementation ont conduit à une action de sauvetage historique de la deuxième grande banque de Suisse. Mais les employé-e-s de Credit Suisse ne doivent pas payer pour les erreurs commises par les managers et les autorités. Les collaboratrices et collaborateurs sont choqués par les conséquences qui les menacent directement. Les deux banques, Credit Suisse et UBS, ont le devoir d’éviter des coupes brutales dans les postes de travail. L’enjeu est colossal pour les 17 000 employé-e-s de CS en Suisse. Directement ou indirectement, ce sont des dizaines de milliers d’emplois qui sont potentiellement menacés. L’USS soutient l’Association suisse des employés de banque (ASEB) dans son engagement pour le maintien des emplois et pour un bon plan social.
C’est horrible, mais hélas vrai : quinze ans à peine après le sauvetage d’UBS, c’est au tour de Credit Suisse (CS), la deuxième grande banque internationale de Suisse, d’avoir besoin d’une action de sauvetage étatique. En prenant des risque excessifs et faute de vraiment maîtriser leur métier, les responsables de CS ont acculé la banque à la faillite. Les responsables à la Confédération et à la Banque nationale ont, eux, jeté de la poudre aux yeux de la population. Ils ont prétendu avoir réduit les problèmes des banques « d’importance systémique » de telle sorte qu’il n’y aurait pas de nouvelle affaire UBS obligeant la Confédération à accorder une garantie pour réduire les risques de pertes bancaires. Mais les plans de liquidation compliqués se sont révélés inutiles en cas de crise. Les perdant-e-s sont la population et les employé-e-s de CS qui, jour après jour, accomplissent consciencieusement leur travail pour que le pays fonctionne, alors que les anciens responsables de CS ont déjà quitté le navire depuis longtemps, avec leurs salaires se chiffrant en millions de francs par an.
L’application du droit d’urgence par le Conseil fédéral ne doit pas être suivie d’une coupe à blanc dans le personnel. L’objectif principal est le maintien des emplois. Si des licenciements ont lieu, les employé-e-s concernés doivent pouvoir trouver un nouvel emploi le plus rapidement possible. Lors de la fusion à venir, les contrats de travail transférés doivent être assortis d’une protection contre le licenciement, en particulier pour les salarié-e-s de plus de 55 ans. Aucun licenciement ne doit avoir lieu avant l’intégration complète des deux entités.
Après l’effondrement de fait de la deuxième grande banque, il est absolument impératif de prendre enfin des mesures permettant d’éviter que de tels événements se reproduisent. Et surtout, une prévention efficace s’impose : les autorités doivent veiller à ce que les banques disposent de réserves suffisantes en liquidités et en fonds propres pour pouvoir supporter elles-mêmes les pertes dans tous les cas de figure. Elles doivent par ailleurs imposer des restrictions sur les risques que les banques peuvent prendre. Les systèmes de primes salariales et de bonus qui poussent à la prise de risque doivent maintenant disparaître. Et seules les personnes disposant des qualifications requises devraient pouvoir diriger une banque. La FINMA a en principe déjà des compétences en la matière. Il doit s’agir avant tout de prévenir les crises plutôt que de développer des mécanismes compliqués qui ne sont finalement pas applicables en cas de crise.
La Confédération a accordé une garantie de 9 milliards de francs à l’UBS, soit l’équivalent de 1000 francs par habitant-e de la Suisse. Face à la population, la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter va devoir expliquer pourquoi d’une part, l’on soutient l’UBS et le Credit Suisse, alors que l’on veut d’autre part économiser sur les rentes AVS, que la Confédération baisse les rentes du 2e pilier et que les primes d’assurance maladie ne cessent de prendre l’ascenseur. Les impôts pour les entreprises ont été réduits dans la plupart des cantons. Les grandes banques et leurs dirigeants en ont également profité. Il faut que cela change. La Suisse doit développer une politique du pouvoir d’achat et une politique fiscale qui soient axées sur les gens qui travaillent et font tourner le pays.