La discrimination des femmes dans le monde du travail est tenace. Les derniers chiffres publiés par l’Office fédéral de la statistique le confirment. En effet, selon l’Enquête suisse sur la structure des salaires (ESS), les salaires moyens des femmes sont toujours inférieurs de près d’un cinquième à ceux des hommes. Et près de la moitié de cette différence reste inexpliquée, ce qui indique l’existence d’une discrimination. En plus d’une application conséquente de la loi sur l’égalité entre femmes et hommes (LEg), des améliorations durables sont aujourd’hui nécessaires concernant les salaires des femmes, de même que des progrès en matière de conciliation entre travail et famille.
Alors que l’écart salarial moyen entre femmes et hommes ne se résorbe que lentement, la discrimination salariale à l’encontre des femmes s’est même accrue entre 2018 et 2020 : pour un même travail, les femmes gagnent 717 francs par mois de moins que les hommes ; cela, uniquement parce qu’elles sont des femmes (2018 : Fr. 686.-). C’est là presque la moitié de la différence de salaire globale. Que cette dernière ait diminué, quoique légèrement, entre 2018 et 2020, passant de 19 à 18 %, est à mettre au crédit du secteur public. Celui-ci a pu réduire de 3 % la différence salariale, alors que cette dernière stagnait à 19,5 % ans le secteur public. Manifestement, la LEg révisée n’a pas eu l’effet souhaité pendant l’année de son entrée en vigueur (2020), c’est pourquoi sa mise en œuvre conséquente s’impose.
Il reste inquiétant que les femmes soient toujours surreprésentées dans le secteur des bas salaires (c’est-à-dire les emplois à moins de Fr. 4 000 francs par mois de salaire pour un plein temps), alors qu’elles sont une petite minorité dans le segment salarial supérieur. Afin d’éradiquer ces différences salariales persistantes, il faut par conséquent augmenter les salaires des professions où la part des femmes est importante, comme le nettoyage, l’assistance et les soins ainsi que le commerce de détail, dont l’importance systémique est désormais reconnue, qui attendent aujourd’hui encore une amélioration de leurs bas salaires et de leurs mauvaises conditions de travail.
Concernant la conciliation entre activités rémunérées et activités non rémunérées aussi, des progrès clairs doivent être accomplis afin que les femmes ne doivent plus choisir entre leur famille et un revenu suffisant. En effet, tant que la prise en charge d’enfants ou de proches sera conçue comme une affaire privée et qu’horaires de travail et heures d’ouverture des crèches ne seront pas compatibles, les femmes resteront surreprésentées parmi les bas salaires et sous-représentées parmi les hauts salaires.