Stopper la baisse vertigineuse des rentes de vieillesse en renforçant l’AVS et les retraites par répartition : telles sont les priorités décidées aujourd’hui par l’Assemblée des délégué‑e‑s de l’Union syndicale suisse (USS). Socialement, il est urgent d’augmenter le niveau des retraites, en particulier pour les femmes, notamment en introduisant une 13e rente AVS comme le demande l’initiative qui vient d’aboutir. À l’inverse, si le Parlement s’entête à vouloir démanteler le 1er pilier avec AVS 21, l’USS combattra la réforme par référendum. L’Assemblée des délégué‑e‑s a également débattu de politique européenne : après avoir défendu la ligne rouge de la protection des salaires, il s’agit désormais de s’engager pour une Europe et une Suisse plus sociales, aux côtés des autres syndicats européens. Enfin, les délégué-e-s appellent à tirer les leçons de la crise du coronavirus en renforçant la protection de la santé au travail, et à agir rapidement en faveur du pouvoir d’achat après plus d’une une année de grande fragilisation pour les salarié‑e‑s.
Les rentes de retraite figureront au cœur de l’agenda syndical ces prochains mois. Pas uniquement en raison du calendrier politique, mais surtout parce la situation dans ce domaine se détériore à une vitesse sans précédent. Les rentes du 2e pilier sont en chute libre depuis plus de dix ans : les personnes qui ont pris leur retraite en 2019 touchent 6,8 % de moins que leurs collègues partis deux ans plus tôt, alors que les cotisations ne cessent d’augmenter. Les femmes sont les plus touchées, puisque leurs rentes de retraite sont en moyenne d’un tiers inférieures à celles des hommes.
Toute réforme de la prévoyance vieillesse doit permettre de rehausser le niveau des rentes pour le plus grand nombre. Il faut donc renforcer le 1er pilier et les retraites par répartition. Le dépôt de l’initiative pour une 13e rente AVS est à la fois un signal et une proposition très concrète dans ce sens. En revanche, face à la réforme AVS 21 qui se profile nettement comme un démantèlement des prestations sur le dos des femmes, l’USS se prépare au lancement d’un référendum.
Pour une Europe sociale
C’est grâce aux positions nettes, fermes et constantes des syndicats que la protection des salaires autonome obtenue de haute lutte n’a pas été remise en question : ce constat a été le point de départ de la discussion sur la politique européenne lors de l’Assemblée des délégué‑e‑s. La mise en danger des mécanismes de contrôle et de sanction ainsi que la fragilisation du service public qui auraient découlé de la signature de cet accord aurait fait payer un prix bien trop élevé au travailleuses et travailleurs. L’engagement syndical pour de bonnes relations avec l’Union européenne se fonde sur le principe suivant : les accords conclus doivent apporter des améliorations concrètes, et surtout pas des détériorations, aux gens qui travaillent en Suisse. Les syndicats poursuivront sur cette voie.
Dans ce sens, la résolution adoptée par les délégué‑e‑s donne une direction claire : les droits sociaux, les salaires et les conditions de travail doivent s’améliorer en Suisse et en Europe, et non pas se péjorer. La mise en concurrence des salarié‑e‑s entre eux ne peut conduire qu’à des détériorations. Il faut, au contraire, agir contre les nouvelles formes de travail précaire et en faveur de conventions collectives plus nombreuses, en renforçant notamment le travail syndical par-delà les frontières. L’USS continuera à s’engager dans cette direction avec l’ensemble du mouvement syndical européen.
Sortir de la pandémie en soutenant l’emploi, la santé et le pouvoir d’achat
La crise du coronavirus a pesé lourd sur les travailleuses et travailleurs. Dans plusieurs secteurs, la lutte contre la pandémie a exigé des efforts colossaux, encore insuffisamment reconnus. Dans d’autres, elle a eu pour conséquence une augmentation du chômage et des pertes importantes de revenus. Le travail des syndicats et la solidité des assurances sociales ont permis de limiter les dégâts. Il reste cependant beaucoup à faire : il n’est pas acceptable que la pandémie se traduise par un accroissement de la précarité et par un creusement des inégalités. En plus de soutenir la loi COVID‑19 qui contient la base légale de l’ensemble des aides allouées jusqu’ici, l’USS demande donc des mesures rapides de soutien au pouvoir d’achat, avec notamment la redistribution des réserves excédentaires des caisses-maladie et une meilleure indemnisation du chômage partiel pour les bas salaires.
Il est également temps de tirer les leçons de la pandémie en renforçant la protection de la santé au travail. La crise sanitaire n’a fait que mettre en lumière les manquements dénoncés de longue date par les syndicats : la densité des contrôles doit être augmentée durablement, et de nouveaux organes comme la SUVA ou les commissions paritaires doivent pouvoir appuyer les inspections cantonales dans leur tâche. Les insuffisances chroniques de la Suisse en matière de santé au travail doivent enfin être corrigées.