L’aviation compte parmi les branches d’activité les plus sinistrées. Le trafic aérien s’est effondré en Suisse, sous l’effet des restrictions épidémiologiques. Le nombre de mouvements à l’aéroport de Zurich n’atteint même pas le quart de son niveau d’avant la crise du COVID-19.
Situation dramatique du secteur de l’aviation : l’heure est aux mesures d’aide
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Nombre de mouvements par jour à l’aéroport de Zurich
La situation du personnel de la navigation aérienne est alarmante. Deux tiers des employé-e-s sont au chômage partiel, soit plus que dans n’importe quelle autre branche. Or même en temps normal, de nombreuses personnes ont de la difficulté à joindre les deux bouts dans le secteur. Le travail astreignant de chargement des avions n’est rétribué en moyenne que 4500 francs par mois. En cas de chômage partiel, il ne reste guère que 3600 francs pour vivre, alors que les loyers sont plutôt élevés dans l’agglomération zurichoise.
Les gens ont très peur pour leur avenir. Le personnel du secteur du trafic aérien souffre souvent aujourd’hui de troubles psychiques, notamment parce que l’incertitude et les difficultés économiques perdurent depuis plus d’un an et qu’on ne voit toujours pas le bout du tunnel. Le nombre d’accidents professionnels constitue ici un bon indicateur : selon les constats syndicaux, ils ont augmenté dans des proportions alarmantes, en dépit du très faible volume d’activité.
En tant que petite économie ouverte sur le monde, la Suisse est tributaire de ses liaisons internationales. Dans le secteur touristique comme dans l’industrie d’exportation ou au sein de la place financière, il est primordial pour les des salaires et les emplois que les liaisons aériennes avec les autres pays soient garanties et performantes. Sans compter que la Suisse héberge sur son territoire un très grand nombre d’organisations internationales.
L’aviation est clairement désavantagée dans cette situation de pandémie. La Confédération n’exige un test négatif qu’en cas d’entrée en Suisse par avion. Le niveau d’exigences est moindre pour quiconque emprunte un autre moyen de transport.
En outre, les dispositions de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) sur les pays présentant un risque élevé d’infection compliquent la vie aux entreprises du secteur des transports qui sont essentiellement actives à l’international. À commencer par l’aviation. Alors même que le risque d’infection est faible dans bien des pays figurant sur la liste des États présentant un risque, la Confédération ordonne une « quarantaine liée aux voyages ». L’exemple suivant illustre la situation : à Genève, le « risque d’infection » quotidien avoisine en ce moment 0,033 %, à Zurich 0,027 % (moyenne sur 7 jours). À Vienne, il est à peu de choses près au même niveau, à 0,039 %. Or la Confédération exige des personnes débarquant dans un aéroport helvétique d’un avion en provenance de Vienne qu’elles se placent en quarantaine pendant dix jours. Autrement dit, les voyageurs en provenance de Vienne subissent de facto une interdiction de sortie vers la Suisse. Alors que toute personne qui sort de sa maison à Zurich ou à Genève peut se déplacer sans la moindre restriction – à juste titre, au vu du risque encouru. Même une personne venant du canton d’Uri (où le risque d’infection atteint 0,076 %) peut voyager sans régime de quarantaine dans toute la Suisse.
Si les choses ne changent pas rapidement, une hécatombe d’emplois est à prévoir dans le secteur de l’aviation. Dans l’immédiat, il est important de prolonger le chômage partiel à 24 mois. Il faudrait encore majorer l’indemnité de chômage partiel de 80 % aujourd’hui à 100 % pour les salaires jusqu’à 5000 francs, afin que les travailleuses et travailleurs concernés parviennent à boucler les fins de mois. Il est également crucial de ne pas entraver de manière disproportionnée la navigation aérienne. Il incombe à la Confédération de mettre fin aux discriminations et de revoir l’efficacité de son concept de pays à risques, soit de ses « listes rouges ».