Le rejet de la loi sur le CO2 signifie pour la Suisse qu’elle restera en retard dans la lutte pour le changement climatique. Ce résultat ne change rien à la nécessité d’agir, et il faudra veiller également à l’avenir à la dimension sociale des mesures prises pour réduire les émissions. De l’autre côté, le fort soutien à la loi Covid-19 et deux décisions dans les cantons apportent de bonnes nouvelles pour les salarié-e-s du pays. Les instruments efficaces de lutte contre les conséquences économiques de la pandémie sont maintenus. A Bâle-Ville, le premier salaire minimum de Suisse alémanique est introduit. Et enfin, le Jura montre la voie en matière de lutte contre les inégalités salariales entre femmes et hommes en adoptant une loi pionnière.
Loi Covid-19 : instruments efficaces préservés
L’Union syndicale suisse salue la large approbation de la loi Covid-19. La loi fournit la base légale aux instruments et mesures de soutien introduits souvent sous la pression des syndicats, et qui ont fait leurs preuves pendant la crise. Ce résultat protège de nombreux travailleurs et travailleuses notamment d’un arrêt brutal des mesures prises en matière de chômage partiel, avec la couverture améliorée du salaire pour les revenus les plus bas. Le « oui » très clair permet d’envisager avec davantage de sérénité la sortie des turbulences économiques provoquées par la pandémie et qui continuent de secouer certains secteurs. Cette majorité claire est aussi un signal pour le Conseil fédéral que le soutien financier actuel ne doit pas cesser trop tôt.
Loi sur le CO2 : un revers qui met en lumière la dimension sociale
L’Union syndicale suisse regrette le refus de la loi sur le CO2, qui fait prendre un retard considérable à la Suisse en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Le résultat négatif ne change rien à l’urgence d’agir : le réchauffement climatique est là, et ses conséquences, par exemple à travers les événements météorologiques extrêmes, frapperont avant tout les personnes à bas et moyens revenus, ainsi que de nombreuses travailleuses et travailleurs dans le cadre de leur activité.
La campagne de votation a démontré le rôle central de la question sociale. Elle devra être, y compris dans le cadre d’une éventuelle nouvelle loi, traitée de manière plus sérieuse, de sorte que le coût de la transition vers une économie plus respectueuse de l’environnement tienne mieux compte encore du pouvoir d’achat. Toute taxe incitative doit ainsi être autant que possible redistribuée. Quant aux investissements nécessaires pour réduire massivement les émissions, ils incombent aux collectivités publiques qui sont largement en capacité de le faire au vu de leur situation financière. Enfin, le renforcement des services publics, notamment dans les transports et la logistique, est l’une des meilleures manières de réduire les émissions et d’augmenter simultanément la qualité de vie.
La protection du climat est une tâche collective qui ne doit pas faire reposer la responsabilité uniquement sur les individus et leurs choix personnels. L’USS continuera à s’engager pour une action rapide et socialement juste contre le changement climatique.
Loi MPT : une regrettable extension des pouvoirs de la police
L’USS regrette l’adoption de la loi fédérale sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme (MPT). La loi contient trop d’éléments disproportionnés et outrepasse l’objectif déclaré. Il faut maintenant veiller à ce que les autorités envisagent une mise en œuvre très restrictive respectant la liberté des dissident-e-s. L’USS collaborera avec d’autres représentant-e-s de la société civile pour veiller à ce que les libertés civiles ne soient pas excessivement restreintes, notamment dans le domaine de l’action syndicale.
Bâle introduit le premier salaire minimum de Suisse alémanique
En adoptant le contre-projet à l’initiative pour un salaire minimum, Bâle-Ville est le premier canton à introduire un salaire minimum en Suisse alémanique. Cette décision est un pas important pour une meilleure protection des salaires en Suisse et la lutte contre la sous-enchère. Il est regrettable que le salaire horaire qui a été validé soit trop faible, et qu’il soit possible d’y déroger dans de trop nombreux cas. Cependant, il s’agit d’un résultat à valeur de signal pour le reste du pays.
Le Jura montre la voie en matière d’égalité
Dans le Jura, les électeurs et électrices ont approuvé à une large / écrasante / solide majorité une initiative du syndicat Unia demandant des mesures concrètes contre la discrimination salariale des femmes. Avec les mesures de mise en œuvre prévues par le gouvernement, le canton joue un rôle de pionnier en Suisse, qui même avec la loi révisée sur l’égalité ne dispose que de faibles mesures en matière d'égalité salariale. Dans le Jura, les entreprises de 50 employés ou plus devront par exemple analyser leurs salaires pour y déceler toute discrimination, tandis que les plus petites entreprises pourront effectuer des analyses volontaires et les faire certifier par le canton. Pour les marchés publics, des certificats d’égalité de rémunération et des contrôles aléatoires sont désormais prévus.