La situation des travailleuses et travailleurs reste tendue même dans le contexte d’un redémarrage des activités économiques. L’Union syndicale suisse (USS) considère qu’il y a de nombreux problèmes à aborder. De manière générale, il faut à tout prix éviter les licenciements et maintenir le pouvoir d’achat. Enfin, les mesures d’économie dans la dépense publique doivent être évitées à tout prix, car elles ne feraient qu’accroître encore le chômage et freiner la reprise. La hausse du chômage chez les salarié-e-s en fin de carrière est inquiétante, et doit être rapidement contrecarrée.
Problèmes économiques persistants, même après la levée des restrictions à l’activité
L’économie mondiale et le tourisme international restent sévèrement affaiblis, ce qui a des conséquences douloureuses dans un pays tourné vers l’exportation comme la Suisse. La garantie des salaires mise en place par le Conseil fédéral, en particulier l’extension rapide du chômage partiel, a évité une catastrophe à l’américaine sur le marché du travail. Pourtant, le chômage augmente en Suisse dans une proportion inédite. En mars et avril, la hausse a été de 40 % (corrigée des variations saisonnières). Il est également inquiétant de constater que le chômage des 55-64 ans augmente plus fortement que la moyenne. Or, ces personnes risquent d’avoir nettement plus de difficulté à retrouver un emploi.
La question du pouvoir d’achat se pose avec une acuité croissante
La crise touche davantage les faibles revenus. Ce sont en effet les branches avec les salaires les plus bas, comme l’hôtellerie-restauration ou la culture, qui ont connu le plus de chômage partiel et de chômage tout court. Les pertes de revenus de 20 à 30 % qui en résultent pour les personnes concernées sont difficilement supportables. Les prestations de l’assurance-chômage sont insuffisantes dans ces cas de figure.
Le frein à l’endettement, cause potentielle de chômage de masse
La politique financière expansive de la Confédération a stabilisé l’économie pendant la crise. Mais aujourd’hui, l’austérité qui menace au niveau fédéral et cantonal, ce qui ferait augmenter le chômage. Un amortissement des dettes liées à la pandémie sur 6 ans comme l’exige le frein à l’endettement conduirait la Suisse dans une récession de longue durée. Le pays dispose des marges de manœuvre financières nécessaires pour combattre la crise sans austérité.
L’USS formule les demandes suivantes :
- Maintenir le pouvoir d’achat, en particulier pour les revenus bas et moyens : L’assurance-chômage, mais aussi les entreprises qui en ont les moyens, doivent payer les salaires à 100 % en cas de chômage partiel. De plus, la charge des primes de l’assurance-maladie peut être réduite, soit par des subsides supplémentaires, soit par une diminution des réserves des caisses.
- Pas de mesures d’économie : Les dépenses extraordinaires de la Confédération dans le contexte de la pandémie ne doivent pas avoir pour conséquence des mesures d’économie, car celles-ci ne conduisent qu’à une hausse du chômage et à un ralentissement de la reprise. Il doit aussi être considéré comme normal qu’il puisse y avoir des déficits budgétaires en période de crise. Ils ne peuvent donc pas servir de prétexte pour réduire les dépenses.
- Pas de charges supplémentaires pour les salarié-e-s : L’assurance-chômage a encore besoin de moyens supplémentaires de la Confédération. Recourir à l’inverse à des augmentations de cotisations pèserait sur le pouvoir d’achat et aggraverait la crise. Nous espérons donc une mise en œuvre rapide des bonnes décisions prises le 20 mai. De plus, la contribution de solidarité pour l’assurance-chômage devrait être augmentée à 2,2 %, soit au niveau du taux normal de cotisation.
- Plus de sécurité pour planifier l’avenir : La durée de versement des indemnités en cas de réduction de l’horaire de travail (chômage partiel) doit être aussi vite que possible prolongée à 18 mois. Un allongement de la durée d’indemnisation du chômage est nécessaire pour donner plus de sécurité aux jeunes et aux salarié-e-s en fin de carrière qui sont les plus touchés.
- Plus de sécurité pour les personnes les plustouchées : Le chômage augmente, en particulier chez les jeunes et chez les salarié-e-s en fin de carrière. L’allongement de la durée d’indemnisation du chômage est nécessaire pour leur donner plus de sécurité. Une réduction hâtive des prestations serait en revanche lourde de conséquences. Enfin, la prestation transitoire (« rente-pont ») est plus nécessaire que jamais dans la période actuelle.
- Mesures conjoncturelles supplémentaires : il faut des mesures additionnelles de soutien à la conjoncture pour prévenir une grave récession. Les partenaires sociaux doivent être associés à leur élaboration dans un groupe de travail.
Ici se trouvent l’analyse et les revendications présentées hier à la rencontre des partenaires sociaux avec le Conseil fédéral.