La situation sur le marché du travail est tendue. Le nombre de personnes en recherche d’emploi augmente et les revenus déjà les plus faibles diminuent considérablement à cause du chômage partiel. La mise en œuvre de la protection de la santé sur les lieux de travail et son contrôle restent insuffisants. Il est temps de prendre des mesures de plus grande ampleur pour éviter que les salarié-e-s ne soient les premiers à supporter l’essentiel des frais entraînés par la crise du coronavirus. La Confédération a, sans doute aucun, les moyens financiers nécessaires pour maintenir les emplois et garantir les salaires pendant cette crise. Telle est la conclusion du Comité de l’Union syndicale suisse (USS) qui siégeait aujourd’hui en lieu et place de l’Assemblée des déléguées, reportée en raison des restrictions liées à la pandémie.
En lieu et place donc d’une assemblée des délégué-e-s que les mesures liées au COVID-19 n’ont pas permis de se tenir, le Comité de l’USS a traité aujourd’hui, lors d’une réunion extraordinaire, les problèmes les plus urgents qui se posent aux salarié-e-s en raison de l’actuelle crise sanitaire. Il constate que, pour gérer les conséquences de la deuxième vague, il faut a priori réintroduire les mesures destinées à atténuer les effets de la crise et à protéger les salarié-e-s grâce auxquelles la Suisse a mieux traversé que d’autres pays cette dernière, le printemps dernier. Pour ces raisons, l’USS a demandé que le chômage partiel soit réintroduit pour les emplois temporaires, comme le propose désormais aussi le Conseil fédéral. Il y a également lieu de se réjouir que la mise en place du fonds pour les cas de rigueur ait été anticipée au 1er décembre et que celui-ci soit doté de 1 milliard et non de 400 millions de francs seulement.
Empêcher le glissement vers la précarité
La prolongation de la situation de crise appelle une action plus décidée et plus rapide. Beaucoup de salarié-e-s ont dû essuyer des pertes de revenus douloureuses en raison des mois pendant lesquels ils se sont trouvés au chômage partiel. Pour nombre d’entre eux, cela signifie en fait la suppression du 13e, voire du 12e salaire annuel – et un glissement dans la précarité financière. Cette évolution est d’autant plus insupportable qu’elle frappe disproportionnellement les personnes aux revenus les plus bas : selon l’étude de Sotomo réalisée pour la SSR, les ménages qui vivent avec moins de 4 000 francs par mois ont perdu jusqu’ici 19 % de leur revenu.
Il faut trouver une solution efficace et rapide pour toutes et tous : l’USS demande la couverture à 100 % des petits salaires par l’assurance-chômage en cas de réduction de l’horaire de travail. La passivité du Conseil fédéral n’est simplement plus tenable, parce qu’elle fait basculer toujours plus de personnes dans la précarité.
Empêcher la hausse du chômage
La situation est en train de s’aggraver : actuellement, près de 3 % des personnes actives (équivalents plein temps) sont au chômage partiel et le taux des demandeurs et demandeuses d’emploi a augmenté d’environ 1,5 point de pourcentage depuis le début de la crise (passage de 4 à presque 5,5 %). Pour éviter que la situation ne se détériore encore plus, il faut réactiver l’accès au chômage partiel pour les contrats temporaires. Mais surtout, il s’agit de freiner la tendance à une augmentation des arrivées en fin de droits, qui touchent surtout les travailleuses et travailleurs en fin de carrière. À cet effet, il s’agit de prolonger les droits aux indemnités journalières et les délais-cadres d’indemnisation. Et la mise en vigueur de la prestation transitoire doit être anticipée : la date prévue du 1er juillet 2021 est trop tardive et a pour conséquence que de nombreuses personnes au chômage ne profiteront pas d’une prestation pensée précisément pour cette situation. Finalement, pour maintenir le pouvoir d’achat, les réserves excédentaires des caisses-maladie doivent être rapidement distribuées à la population.
Protéger la santé sur les lieux de travail
Garantir la protection de la santé au travail et venir rapidement à bout de la deuxième vague, cela implique également de réduire les risques de contagion sur les lieux de travail. Là non plus, on ne peut pas comprendre les hésitations du Conseil fédéral et l’absence de réelles mesures de sa part. L’USS demande que toutes les entreprises soient obligées de se doter de plans de protection. Mais surtout, le conseil et les contrôles doivent être massivement renforcés. La Confédération doit, en la matière, faire usage de son pouvoir d’établir des directives sur le nombre de contrôles et s’assurer que les organes d’exécution mobilisent les moyens mis à leur disposition.
Le recul du nombre des contaminations ne devrait pas tromper sur la tension qui prévaut toujours dans le monde du travail. Il faut maintenant, en garantissant les revenus et en sécurisant les personnes au chômage ou menacées de l’être, poser les bases d’une sortie de crise socialement acceptable.