L’économie a retrouvé ou dépassé son niveau d’avant-crise dans la majorité des branches. L’inflation reprend : pendant les mois de négociations salariales, elle sera de 1 %. Et avant la crise déjà, les salaires avaient stagné durant plusieurs années. Des augmentations de salaires de 2 % ou 100 francs par mois au moins sont donc nécessaires, pour les syndicats de l'Union syndicale suisse (USS). Après avoir fourni des efforts importants durant la crise, les travailleuses et travailleurs doivent profiter du retour à une conjoncture favorable.
La grande majorité des branches en Suisse est revenue à une situation conjoncturelle favorable. L’activité a repris, et les entreprises font à nouveau des bénéfices. Parallèlement, une augmentation du renchérissement se profile. L’inflation a atteint 0,9 % en août et sera de 1 % ou plus durant les mois de négociation salariale. Enfin, les années précédant la pandémie avaient été marquées par une stagnation salariale générant un besoin important de rattrapage.
Les syndicats de l’USS demandent donc une hausse des salaires de 2 % ou d’au moins 100 francs par mois. Cette revendication se justifie pour moitié par la compensation du renchérissement et pour moitié par la nécessité de refléter l’amélioration de la productivité dans les salaires réels.
Les travailleuses et travailleurs de Suisse ont fourni, durant la pandémie, des efforts hors du commun, tout en faisant face à de multiples insécurités. Cet engagement doit être pris en compte et honoré au moment des négociations pour 2022. Pierre-Yves Maillard, président de l’USS, résume : « Les travailleuses et travailleurs ont été au front pendant cette crise, mais l’immense majorité n’a pas encore pas vu la couleur d’une reconnaissance salariale pour ces efforts. Des hausses tangibles sont donc nécessaires. »
Revaloriser les bas salaires et les professions à majorité féminine
Avec la croissance prévue pour le deuxième semestre 2021 et pour 2022, les marges de manœuvre pour des hausses de salaires existent dans de nombreuses branches. « Au vu de la nette reprise de l’économie, des augmentations salariales sont indispensables », souligne Vania Alleva, présidente d’Unia, en pointant les secteurs de la construction, du second œuvre ou encore du commerce de détail.
Le besoin est particulièrement important pour les salaires les plus bas. Ces dernières années, les salaires minimums inscrits dans les CCT ont connu une croissance inférieure aux salaires moyens. Pour que la protection contre la sous-enchère salariale reste efficace, les salaires minimums doivent donc être revalorisés, pour atteindre 4000 francs par mois au moins.
Les professions majoritairement exercées par des femmes doivent être, enfin, sérieusement revalorisées. C’est notamment le cas dans le secteur de la santé, qui connaissent un niveau de rémunération très insuffisant. Secrétaire centrale en charge du secteur de la santé au Syndicats des services publics (SSP), Beatriz Rosende alerte : « Dans les professions qualifiées, le salaire n’est plus suffisant et ne compense pas les sacrifices énormes consentis au quotidien. Pour les personnes pas ou peu qualifiées, même le salaire à 100 % frôle le minimum vital ! ».