Dangereux, inhumain, nuisible

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Écrit par Matthias Preisser, service de la communication de l’USS/fq

Ecopop conduit dans une impasse

Les syndicats et les organisations de salarié(e)s s’engagent tous ensemble contre l’initiative Ecopop. Car son acceptation serait catastrophique, surtout pour les travailleurs et travailleuses.

L’idée qu’Ecopop ne résout aucun problème d’environnement et relève du néocolonialisme s’est répandue. Mais cette initiative, avec ses quotas rigides, porte avant tout préjudice à l’économie et aux salarié(e)s. Si l’immigration est limitée à 0,2 % de la population résidante permanente, les employeurs iraient chercher plus de résident(e)s de courte durée à l’étranger. Or, ceux-ci jouissent d’une situation juridique moins bonne. Il serait ainsi plus facile aux employeurs de leur imposer des salaires et des conditions de travail moins bonnes aussi.

Pour voir que cela porterait préjudice à tous et toutes les salarié(e)s parce que leurs salaires et conditions de travail se trouveraient sous pression, il suffit de jeter un œil sur un triste chapitre de la récente histoire suisse : le statut de saisonnier. Avec le système de contingents alors en vigueur, les saisonniers gagnaient presque 15 % de moins que la main-d’œuvre qui avait un passeport suisse. Certaines branches où les saisonniers étaient nombreux devinrent à proprement parler des branches à bas salaires, une tendance qu’il a été possible de stopper ces dernières décennies, notamment grâce à l’Accord sur la libre circulation des personnes.

Avec Ecopop, cet accord deviendrait caduc. Les résident(e)s de courte durée ainsi que les frontaliers et frontalières n’auraient précisément pas droit au regroupement familial. Ce serait revenir à la même situation qu’avec le statut de saisonnier, lorsque des familles furent séparées et que des enfants durent vivre dans l’illégalité et cachés. Des migrant(e)s redeviendraient des travailleurs et travailleuses de deuxième classe, vivant constamment dans la peur de perdre leur permis de séjour avec leur emploi. Ils subiraient encore plus la pression exercée par les employeurs. Privées de main-d’œuvre étrangère, les institutions sociales du pays se trouveraient en difficulté et des branches importantes (construction, santé, soins) ne pourraient pratiquement plus fonctionner.

En l’absence de libre circulation des personnes, les mesures d’accompagnement seraient également caduques. Or leur but est de garantir que toutes les personnes qui travaillent en Suisse touchent le même salaire pour un même travail. Elles prévoient aussi des mesures de contrôles et de sanctions. Un oui à Ecopop ouvrirait tout grand la porte à la sous-enchère salariale et sociale. En outre, sans relations structurées avec l’Union européenne, les entreprises suisses se trouveraient fortement désavantagées par rapport à leurs concurrents européens. Leurs produits renchériraient avec pour conséquence des délocalisations à l’étranger, des programmes de réduction des coûts et, donc, des suppressions d’emplois.

Ecopop mettrait en danger le site industriel Suisse et déboucherait sur une précarisation des conditions de vie et de travail. C’est pour cela que toutes les grandes organisations de salarié(e)s font campagne ensemble contre cette initiative. La journée d’action du 15 novembre lancera le sprint final. Tout soutien est important et bienvenu. Car, malgré des sondages plutôt positifs, le NON à Ecopop n’est de loin pas encore dans la poche

Responsable à l'USS

Daniel Lampart

Premier secrétaire et économiste en chef

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Daniel Lampart
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