En quelques mots, le contexte actuel se présente comme suit :
- L’échec pitoyable du monétarisme, des privatisations et des déréglementations est désormais avéré. Mais, toujours en place, les mêmes responsables politiques et économiques continuent à ces idéologies…
- Contrairement aux salarié(e)s, les entreprises ont largement profité de la dernière reprise économique, au point que leurs caisses sont pleines.
- Si aucune mesure n’est prise pour redresser la barre, le chômage battra de nouveaux records en 2010.
Pour toutes ces raisons, les syndicats présentent des revendications précises.
Il faut apprendre de ses erreurs
La crise a été causée par une recherche forcenée de rendements les plus élevés possibles de fonds propres. Dévastateur, ce système a entraîné la création de programmes de bonus, synonymes de salaires directoriaux pharamineux ; une « ospélisation » à laquelle il importe de s’opposer farouchement. D’une part, il faut durcir les prescriptions sur les fonds propres applicables aux banques. De l’autre, les salaires des directeurs doivent être limités, par exemple en taxant comme bénéfice la part excédant le million de francs.
Marché du travail
La montée du chômage, qui menace, doit être combattue par tous les moyens à disposition. En tout premier lieu, les entreprises, qui ont pu remplir leurs caisses durant les années de vaches grasses - notamment grâce à un personnel dévoué et engagé – doivent, elles aussi, mettre la main à la pâte. Si (vraiment !) nécessaire, qu’elles introduisent le chômage partiel (appelé aussi « technique »), plutôt que de licencier. Confédération, cantons et communes doivent aussi faire face à la crise et lancer des programmes d’investissement et autres, destinés à soutenir le pouvoir d’achat des gens. Il s’agit, primo, d’augmenter les allocations familiales, ainsi que les réductions des primes versées aux caisses-maladie et, secundo, d’investir dans les infrastructures publiques[1].
Sécurité sociale
Des assurances sociales performantes représentent la meilleure manière de se prémunir contre les risques qui s’annoncent. Elles sont aussi un moyen de stabiliser l’économie et permettent une certaine compensation des inégalités sociales. Autant de raisons pour lesquelles elles doivent répondre aux besoins sociaux de la population. Concrètement
- l’USS luttera contre le démantèlement de l’AVS et de l’assurance-accidents ;
- l’AI et l’assurance-chômage doivent rester stables et aptes à fonctionner comme il se doit ;
- l’écrémage des meilleurs parts réalisé par les assureurs-vie dans le 2e pilier et l’assurance-accidents doit prendre fin ;
- les caisses de pension en situation de sous-couverture ne doivent pas être assainies à la hâte et la responsabilité de la Confédération à l’égard de celles qui sont de droit public doit être développée ; il faut renoncer à la recapitalisation complète des caisses en 40 ans et recapitaliser en particulier celle des CFF ; le Conseil fédéral doit corriger les nouvelles prescriptions sur les placements des caisses (tendance : plus de produits issus du marché financier, moins d’immobilier).
Impôts
Il faut stopper le « rythme fiscal merzien » consistant à présenter chaque semestre une nouvelle « optimisation fiscale » qui, finalement, consiste uniquement à donner plus à celles et ceux qui ont déjà plus que les autres. C’est avec la plus grande énergie que l’USS combattra aussi ces nouveaux « produits » que sont le taux unique de TVA et une nouvelle réforme de l’imposition des entreprises, de même que les systèmes d’impôts à taux unique (« flat-tax »), comme celui que le canton de Thurgovie va introduire. Et cela, non seulement parce qu’ils sont injustes, mais aussi parce que les cadeaux offerts aux revenus les plus élevés ne favorisent en rien la conjoncture. En effet, comme la majeure partie de ces sommes offertes est économisée ou placée à l’étranger, voire dépensée pour importer des marchandises, la demande intérieure n’en profite pas. Qui plus est : les baisses constantes d’impôts au profit des plus riches ont très probablement alimenté l’énorme progression des cours sur les marchés des titres.
Services publics
Les services publics doivent être renforcés. Pour faire pièce à la crise, cela suppose donc que l’on développe les transports publics et augmente le nombre de places destinées, à des prix abordables, à l’accueil extrafamilial des enfants. Simultanément, la situation sur le marché de l’électricité révèle l’échec de la libéralisation. Il faut donc renoncer à la deuxième étape de ce processus, à savoir : la libéralisation totale de ce marché. Concernant la Poste, l’USS se battra aussi, en l’absence d’une convention collective de travail étendue, contre une progression de la libéralisation. Quant au projet de libéralisation de Swisscom, il doit être définitivement enterré.
Vous trouvez des information complémentaire dans les contributions attachée de
- Paul Rechsteiner, président de l'USS
- Rolf Zimmermann, premier secrétaire de l'USS
- Daniel Lampart, économiste en chef de l'USS
- Colette Nova, secrétaire dirigeante de l'USS
[1] À la fin de janvier 2009, l’USS présentera des revendications précises pour que ces programmes d’investissement soient efficaces.