Le 4 novembre, le personnel de la Confédération, après avoir marché vers le Palais fédéral, déposera une pétition adressée au Conseil fédéral et signée par plus de 6 500 employé(e)s de la Confédération. Il y exige que son travail soit reconnu et qu’il soit mis fin aux programmes d’austérité et de démantèlement lancés par le gouvernement. Cette action a été organisée par toutes les associations du personnel.
La pression est énorme et elle s’accentue toujours plus. Depuis une année, une pluie d’interventions parlementaires de droite exigent des coupes radicales dans le personnel de la Confédération et les salaires, ainsi que la réduction de moitié d’offices fédéraux entiers. Les employé(e)s de la Confédération sont traités de fanatiques de la réglementation qui mèneraient la vie dure à l’économie privée. Le Conseil fédéral ne fait rien pour contrer ces insultes. Au contraire, influencé par des prévisions financières pessimistes, il s’efforce de satisfaire à ces interventions avant même qu’elles ne soient traitées aux Chambres fédérales. Le programme d’économies pour l’année 2016 prévoit une coupe de 140 millions de francs dans les frais de personnel : gel des salaires, progression des salaires divisée par deux et suppression de la prime de fidélité versée après cinq années d’ancienneté (une semaine de congé supplémentaire). Ces coupes frappent très durement les jeunes employé(e)s, dans les classes de salaire inférieures et chez les nouveaux arrivants. Le frein mis à la progression des salaires aura une très forte incidence sur les inégalités de salaire internes, car les nouveaux collaborateurs et collaboratrices n’atteindront le niveau salarial de leurs collègues qu’après deux fois plus d’années de service, si tant est qu’ils l’atteignent un jour. Aujourd’hui, il faut 15 ans pour arriver au salaire maximum et demain, ce seront 30 ans.
Troisième réforme de l’imposition des entreprises : le personnel de la Confédération devrait passer à la caisse
Alors que la toute dernière extrapolation annonce une fois de plus un très bon résultat pour les comptes de 2015 – au lieu de se monter à 400 millions, l’excédent sera sans doute d’un bon milliard –, le Conseil fédéral maintient sa ligne de l’austérité. Par là, il s’agit pour lui notamment de préparer le terrain à la troisième réforme de l’imposition des entreprises (RIE III). En effet, la Confédération veut dédommager dans ce cadre les cantons pour leurs pertes en leur versant un milliard de francs. Mais le Conseil fédéral ne devra « débloquer » cet argent qu’en procédant à des coupes dans le budget de la Confédération ces prochaines années. Or, comme près de 80 % des dépenses sont en fait des paiements de transfert qui ne permettent pas de faire des économies, reste son domaine propre : l’Administration fédérale, 20 % au moins des dépenses, dont font aussi partie les effectifs du personnel. Il y a deux semaines, le Conseil fédéral a annoncé que dans les faits, une grande partie des mesures d’économie des années postérieures à 2016 concernera ce domaine et que d’« importantes coupes budgétaires sont notamment prévues au niveau du personnel ».
Des coupes démesurées
Le Conseil fédéral ne dévoilera probablement pas les détails du « programme de stabilisation » (qui devrait plutôt s’appeler « programme de démantèlement ») avant l’action de protestation du 4 novembre. Mais il faut s’attendre à ce que des centaines de postes soient supprimés. Il a en outre été décidé que tout le système salarial soit réaménagé. À l’avenir, il n’y aura plus de progression réglementée des salaires et la contribution patronale déjà très « allégée », versée par la Confédération pour les rentes transitoires (rentes-ponts), disparaîtra totalement. Si bien que les employé(e)s de la Confédération des classes de salaire inférieures ne pourront plus se permettre de prendre une retraite anticipée. Or il y a lieu de se demander si les offices fédéraux voudront continuer à employer jusqu’à 65 ans leur personnel dans les ateliers, la logistique et le nettoyage
Le partenariat social foulé aux pieds
Avec leur action du 4 novembre, les associations du personnel protestent aussi contre le fait que le Conseil fédéral a foulé aux pieds le partenariat en communiquant parcimonieusement des informations sur ce vaste programme de stabilisation via les médias, que les organisations du personnel n’ont pas été associées à ce processus et que les mesures d’économie n’ont pas été négociées avec elles.